Dans un entretien à L’Équipe, Jean-Marc Mickeler, le patron de la Direction Nationale de Contrôle et de Gestion (DNCG), écarte le risque de faillite d’un club d’ici la fin de saison. Mais il prévient aussi : le déficit du football français reste considérable.
Le mercato d’hiver a été une bouffée d’oxygène pour les clubs français. « En valeur absolue, c’est le meilleur mercato d’hiver que la L1 ait enregistré depuis longtemps : 100 M€ de ventes et 69 M€ de plus-value, estime Jean-Marc Mickeler. Les chiffres bruts sont plutôt satisfaisants et meilleurs que ce que la DNCG imaginait. En revanche, la quasi-totalité de cette plus-value est réalisée sur quatre transactions (Guimaraes, Faivre, Ikoné et Brahimi). Cela pourrait illustrer une tendance que beaucoup d’acteurs anticipent pour les prochains mercatos : la reprise d’un marché plus actif sur les grands joueurs, ainsi que sur les footballeurs de complément pour des indemnités de mutation très peu importantes. »
Pour le président de la DNCG, les comptes restent cependant dans le rouge. « On va probablement atterrir, en fin de saison, dans la fourchette basse des estimations que nous avions faites en début de saison, autour de 600 M€ de pertes nettes pour la L1 et la L2. Compte tenu des recapitalisations qui ont d’ores et déjà été faites par un certain nombre de clubs, un tel niveau de pertes nécessiterait un nouvel effort de refinancement de l’ordre de 500 M€ d’ici au début de la saison 2022-23, un tiers sous forme d’apport en fonds propres afin que ceux-ci redeviennent positifs, et deux tiers sous forme d’apport en trésorerie pour assurer le bon déroulement de la saison à venir. »
« De mon point de vue, il n’y a pas de risque »
Le risque de dépôt de bilan d’un ou plusieurs clubs d’ici à la fin de saison est toutefois écarté. « On les a accompagnés dans la sécurisation de leur budget. On a veillé au respect de l’ensemble des engagements pris par les actionnaires. On a plutôt des bonnes surprises grâce à ce mercato. De mon point de vue, il n’y a pas de risque. » En revanche, pour la saison prochaine, ce risque n’est pas écarté. « Nous suivons naturellement quelques clubs de façon plus rapprochée, avoue-t-il. Pour eux, on se pose des questions sur la saison prochaine. Il y aura de vrais enjeux lors de nos discussions avec les actionnaires. » Car si la fièvre baisse, le football français reste bien malade. « On est toujours sur un déficit d’exploitation autour de 1,2 milliard d’euros sur la saison en cours. C’est considérable. Tout ce qui a été fait a permis d’éviter la faillite totale. Sans cela, il n’y aurait plus de football professionnel en France. Il y aurait eu des dépôts de bilan massifs. »