A J-7 du Tour de France, découvrons un portrait croisé dressé par notre partenaire Outsider Mag de Vincent Lavenu et Marc Madiot, deux managers emblématiques du cyclisme français.
Cela fait maintenant quelques années que les équipes françaises sont revenues sur le devant de la scène. Ce début de saison 2014 confirme lembellie du cyclisme hexagonal. AG2R en tête du classement World Tour avant le Tour des Flandres. La FDJ collectionne les accessits sur les épreuves importantes du calendrier. Une belle revanche pour Vincent Lavenu et Marc Madiot, deux managers qui ont dû se battre pendant des années à armes non égales.
Les deux hommes sont arrivés dans le peloton au cours des années 90. Vincent Lavenu via son équipe Chazal en 1992 et Marc Madiot avec la Française des Jeux, en 1997. Ils vont connaître des fortunes diverses pour leurs débuts. Le premier ne pèsera pas beaucoup avec le petit budget de son équipe Chazal. Cest à partir de 1997, et son passage sous le nom de Casino que Lavenu va pouvoir mettre les moyens pour attirer des noms plus côtés du peloton. Le natif de Briançon va faire venir des coureurs comme Pascal Richard, Jacky Durand, Rolf Jaermann, Alberto Elli, Bo Hamburger, et va faire naître Alexandre Vinokourov. Avec cette armada, léquipe Casino va découvrir les joies des grands succès, avec des victoires prestigieuses que ce soit sur les courses à étapes, ou sur des classiques comme la Flèche Wallonne ou lAmstel Gold Race.
De son côté, Marc Madiot va vivre une très grosse première saison. En sattachant les services de coureurs comme Davide Rebellin ou Mauro Gianetti, le directeur sportif de la Française des Jeux arrive dans les pelotons avec beaucoup dambition. Cest Frédéric Guesdon qui va lui apporter son premier grand succès lors de sa victoire inattendue sur Paris-Roubaix, en 1997. Cette victoire conjuguée à celle de Rebellin sur la Clasica San Sebastian et le GP de Zurich vont permettre à léquipe de Marc Madiot de remporter le classement par équipe de la Coupe du Monde. Une gloire qui ne va pas durer pour les deux directeurs sportifs.
Le tournant 1998
Les deux équipes vont connaître un tournant lannée suivante, avec laffaire Festina. Ce scandale va être un tremblement de terre pour la France du cyclisme. A posteriori, on se rend compte que lépicentre du séisme sest trouvé directement sur les équipes françaises et na que très peu touché les équipes étrangères qui elles, ont continué pour la plupart à performer, en partie, grâce au dopage.
Cet été 1998 va marquer le déclin des performances françaises dans les grandes courses du calendrier. Marie George Buffet met en place sa loi de lutte contre le dopage dès 1999, et son contrôle longitudinal pour les coureurs des équipes françaises. La majorité des coureurs étrangers va alors bouder les formations tricolores. Vincent Lavenu et Marc Madiot, mais aussi Jean René Bernaudeau, et son équipe Bonjour arrivés dans le peloton en 2000, vont se contenter des années durant de quelques moments de gloire avec des victoires détapes. Moqués, les coureurs français évoluant dans des équipes françaises sont quasi inexistants des Top 10 des grandes classiques. Gagner une course dune semaine ou espérer monter sur le podium dun grand tour va devenir irréaliste.
Seul Christophe Moreau est en mesure de tenir tête aux meilleurs en obtenant des bons classements généraux. Dautres, comme François Simon ou Cyril Dessel, sapprochent des top 5 grâce à de longues échappées en prenant des minutes davance sur les ténors du peloton. Cest avec courage et force de caractère que les managers français et leurs coureurs vont réussir à briller par intermittence au cours des ces années. Ainsi, des Sandy Casar, des David Moncoutié, Thomas Voeckler ou Sylvain Chavanel, qui ont dû se faire un nom au milieu des années 2000, vont maintenir leurs têtes hors de leau grâce, en partie, à de longs barouds victorieux. Pendant lhégémonie Armtrong, les directeurs sportifs français vont chercher une autre façon daborder le cyclisme. A limage de certains clubs de football impuissants face à la force des grandes équipes, les directeurs sportifs français vont tout miser sur la formation, en allant chercher des jeunes talents et en les entourant de coureurs dexpériences. Un choix judicieux.
Le renouveau
Lexplosion de laffaire Armstrong, les progrès de la lutte contre le dopage, et larrivée dune nouvelle génération de coureurs vont permettre à Marc Madiot et Vincent Lavenu de retrouver la lumière. Le premier est aujourdhui sur le devant de la scène grâce à sa génération exceptionnelle. Madiot possède certainement léquipe avec le plus gros potentiel. Ses coureurs les plus efficaces ont tous 25 ans ou moins. Les victoires de Nacer Bouhanni, la 3ème place dArthur Vichot sur Paris-Nice ou la 2ème dArnaud Démare sur Gand-Wevelgem sont tant déléments qui permettent à Marc Madiot de viser haut pour les années à venir. Ajoutons à cette liste Thibaut Pinot qui a déjà prouvé quil était capable de suivre les meilleurs en montagne et dentrer dans des top 10 sur les grands tours. Et les autres coureurs de léquipe au trèfle ne sont pas en reste, à limage de Kenny Elissonde, Johan Le Bon ou Alexandre Geniez qui, eux aussi, ont un gros potentiel.
Pour AG2R, lévolution est encore plus impressionnante. On ne peut pas parler dune vraie culture de la formation comme cest le cas chez la FDJ.fr. Certes Romain Bardet est en train dexploser au plus haut niveau dans cette équipe, mais là ou Marc Madiot est très fort pour sentourer des meilleurs espoirs français, Vincent Lavenu a lui la faculté de réaliser des gros coups dans les transferts et de rendre plus forts les coureurs quil va chercher. Nicolas Roche (désormais chez Tinkoff) Jean Christophe Péraud, Domenico Pozzovivo et Carlos Betancur sont les exemples de cette réussite de léquipe AG2R. La prochaine étape pour ces deux équipes? remporter un monument du cyclisme.
Une chose est sûre, aujourdhui, plus personne ne peut se moquer de Lavenu ou Madiot, et sans volonté de chauvinisme déplacé, voir les équipes françaises briller ne peut quêtre rassurant pour la santé et lavenir du cyclisme.
Romain Puissieux
Outsider Mag