A l’occasion de l’édition 2018 du Tour de France, Bernard Hinault balaye les questions sur l’avenir du cyclisme ou encore l’affaire de dopage pour Chris Froome et la SKY.
Quel regard portez-vous sur le cyclisme d’aujourd’hui ? On voit notamment un début de Tour fermé.
« C’est sûr que mercredi entre Lorient et Quimper, on aurait pu avoir une étape beaucoup plus violente, dans le bon sens du terme. Le terrain s’y prêtait, il y avait vraiment tout. Depuis que je suis dans le Tour, des étapes en Bretagne je pense que c’était la plus belle. Très variée et ça a accouché d’une souris. »
Comment expliquez-vous cela ?
« Est-ce qu’ils ont peur de se libérer, est-ce qu’ils attendent la montagne, les pavés dans deux jours? Je pense que c’est un peu de tout ça. Aujourd’hui, beaucoup de coureurs ont peur de perdre, donc ils ont peur de gagner. Il faut prendre des risques. Personne n’ose et tout le monde attend le dernier moment. »
Auriez-vous apprécié évoluer dans un tel peloton ?
« Est-ce que si j’avais été coureur, le cyclisme serait fermé ? Pas sûr. Je pense que j’aurais aimé courir, en voyant la manière de courir des autres, je me serais amusé, certainement. »
Chris Froome est-il le favori de ce Tour 2018 ?
« A partir du moment où il est au départ, il a autant de chance que les autres. Il y a Movistar avec trois coureurs, s’ils savent utiliser les trois, ça peut faire très mal. Après, il faut savoir les utiliser. »
Avez-vous échangé avec l’équipe Sky depuis vos propos appelant les coureurs à faire grève en cas de présence de Froome ?
« Je ne risque pas, et je n’ai pas envie. Il n’y a personne qui m’a appelé pour me dire que ce n’était pas bien. Je ne regrette absolument rien, j’ai dit la vérité. »
Face à Froome, il y a Romain Bardet qui fait partie des prétendants.
« Romain n’a qu’une seule solution, attaquer. Et attaquer où? Dans les descentes. Ce ne sera pas dans la montagne, les autres ne le laisseront jamais partir. Pas en contre-la-montre non plus, parce qu’il est moins bon qu’eux. Le seul endroit où il est supérieur à tous, c’est dans la descente, au risque de tout perdre. »
Il y a aussi ce format à la fin des Pyrénées, avec une étape courte de 65 kilomètres.
« Les organisateurs du Tour de France essaient d’innover tous les ans, de trouver des solutions pour faire que la course soit beaucoup plus active, plus vivante. Après, ce sont les autres qui disposent. Il se peut très bien qu’il n’y ait pas de course du tout, il se peut qu’il y ait aussi une journée de folie. »
Propos recueillis par Thomas BACH