C’était l’un des plus grands basketteurs de l’histoire, le célèbre numéro 8 et 24 des Los Angles Lakers. Ce dimanche 26 janvier, Kobe Bryant s’est éteint à l’âge de 41 ans. Il laisse derrière lui des moments magiques, des souvenirs impérissables et surtout des valeurs indélébiles. Kobe Bryant était bien plus qu’une légende du basket…
Dimanche 10h (heure locale), le temps s’arrête. Le média américain TMZ annonce la disparition dans un accident d’hélicoptère de l’icône du basketball, Kobe Bryant. Une terrible nouvelle, qui encore aujourd’hui semble irréelle. Il n’avait que 41 ans. Alors qu’il se rendait à la Mamba Sports Academy – structure pour jeunes athlètes qu’il avait fondée en 2016 – pour un entraînement, le quintuple champion de NBA a succombé au crash, ainsi que les huit autres personnes à bord. Plus tard dans la matinée, on apprendra que sa fille de 13 ans, Gianna, star montante du basket féminin, fait aussi partie des victimes. Un drame survenu dans les collines escarpées de Calabasas, au nord-ouest de Los Angeles, en raison du fort brouillard enveloppant la région ce matin-là. Le NTSB, l’agence américaine chargée de la sécurité dans les transports, arrivera trop tard sur place, la légende s’était déjà éteinte.
Le basket dans le sang
Après une enfance passée entre l’Italie et la France (à Mulhouse) où il suit les traces de son père, Joe Bryant, sur les parquets de basket, Kobe rejoint les États-Unis pour poursuivre ses études au lycée Lower Merion de Philadelphie. Il devient rapidement le meilleur joueur de son championnat et même le meilleur scoreur de l’histoire de son lycée avec 2 883 points au compteur. En 1996, il fait le grand saut en rejoignant la NBA sans passer par la case universitaire. Il est drafté par les Charlotte Hornets en 13e position avant de rejoindre dans la foulée les Los Angeles Lakers. Le General Manager de la franchise est sûr de lui, il tient là le « le vrai numéro 1 de cette draft ».
Les débuts de Kobe Bryant en NBA seront laborieux. Face aux Utah Jazz, il tente à lui seul de sauver son équipe au bord de l’élimination. Résultat : trois air-balls… Il sauve tout de même sa première saison en remportant le concours de dunk du All Star Game 1997, à seulement 18 ans.
Et dès l’année suivante, le « Black Mamba » éclabousse la ligue de son talent en devenant le plus jeune joueur jamais sélectionné au All Star Game. Ce match des étoiles, il le disputera à 14 reprises au cours de son immense carrière. Entre les années 2000 et 2002, il forme un duo explosif avec un certain Shaquille O’Neal, mettant le monde du basket à leurs pieds et raflant au passage trois titres de champion NBA. Celui de la saison 2000-2001 sera remporté au terme d’un parcours historique en playoffs ; les Los Angeles Lakers n’auront concédé qu’une petite défaite en seize rencontres.
La fin d’une ère
Mais en 2003, le rêve tourne au cauchemar. Orphelin du Shaq, blessé toute la première moitié de saison, Kobe Bryant peine à porter les Lakers. Les critiques fusent, l’accusant de trop souvent oublier ses coéquipiers, comme face aux Celtics Boston, où il affiche un bilan désastreux de 17/47 au shoot. Cette saison, les Lakers seront balayés en playoffs par les San Antonio Spurs (4-2). La saison suivante, la franchise californienne retrouve les sommets et Kobe se met à rêver de son premier titre de MVP. Mais les Lakers tombent de très haut, se faisant humilier par les Detroit Pistons (4-1) en finale. Un véritable coup de massue auquel le tandem Kobe Bryant – Shaquille O’Neal ne survivra pas. En 2005, le pivot américain fait ses bagages pour le Heat de Miami sous la pression du nouveau leader incontesté de l’équipe, Kobe Bryant.
Malgré des performances individuelles de haut niveau, dont un incroyable match à 81 points contre les Toronto Raptors en 2006, il faudra attendre la saison 2007-2008 pour retrouver le « Black Mamba » au sommet de son art.
Il décroche cette saison son premier titre de MVP de la saison régulière, malgré une défaite en finale des playoffs face au rival historique, les Celtics Boston (4-2). Mais les deux années suivantes, Kobe se déchaîne et décroche ses quatrième et cinquième bagues de champion. Il empoche aussi les deux titres de MVP des finales grâce à des fadeaways de l’espace, dont lui seul a le secret. En parallèle, il contribuera aussi aux deux titres olympiques décrochés en 2008 et 2012 par la Team USA. Le pic d’une carrière légendaire qui prendra fin quatre ans plus tard. Pour son dernier tour de piste, il s’offre 60 points contre les Utah Jazz le 13 avril 2016, portant son total à 33 643 points en NBA et parachevant sa légende.
Plus qu’un joueur de basket
Derrière l’immense basketteur, le jongleur extraordinaire, se cachait bien d’autres facettes de Kobe Bryant. D’abord celle d’un homme d’affaires hors pair qui aura engrangé plus de 350 millions de dollars en contrats publicitaires et partenariats durant sa carrière de joueur. En 2013, il avait déjà cofondé un fonds d’investissement Bryant-Stibel qui participera au financement de la plate-forme sportive The Players Tribune ou l’éditeur de jeux vidéo Epic Games, à l’origine du phénomène planétaire Fortnite. L’année suivante, il achètera 10 % des parts du groupe de boissons énergétiques Bodyarmor pour 6 millions de dollars. Un très gros coup puisque ces mêmes parts seront valorisées 200 millions de dollars quatre ans plus tard, après l’entrée au capital de Coca-Cola.
Mais Kobe Bryant développe surtout un « art de penser », la « Mamba Mentality ». Une philosophie de vie qu’il compte bien inculquer au plus grand nombre. D’abord grâce au court métrage animé – oscarisé en 2018 – Dear Basketball, tiré de sa lettre d’adieu au monde du ballon orange écrite fin 2015.
Il se lance ensuite dans deux autres projets avec sa propre société de production, Granity Studios. La mini-série Detail, qui décortique les plus grands moments de la NBA sur la chaîne ESPN + et The Punies, une ribambelle de fables modernes pour éduquer les enfants à travers la musique et le sport. Tout au long de sa carrière, tout au long de sa vie, Kobe Bryant s’est battu pour être le meilleur, pour rendre les autres meilleurs. Alors si l’étoile s’est éteinte, si la planète pleure encore sa perte, le meilleur moyen d’honorer la mémoire de Kobe Bryant n’est-il pas de garder la « Mamba Mentality » ?
« Ce n’est pas une attitude en soi. C’est une façon de vivre qui consiste à essayer d’être meilleur chaque jour. Il ne s’agit pas de vivre avec de l’audace. C’est quelque chose de beaucoup plus simple en essayant simplement d’être meilleur dans ce que vous faîtes chaque jour. » – Kobe Bryant
Hugo Bernabeu