Les travaux d’aménagement pour installer le circuit de 1,9 km autour des Invalides ont débuté la semaine dernière, en vue du Grand Prix de Formula E du samedi 23 avril qui se déroulera au coeur de la capitale. Une première pour le sport automobile en France et un événement dont la dimension dépasse le seul cadre sportif.
Bernie Ecclestone en rêvait, la Formule E l’a fait. Samedi 23 avril, les rues de Paris accueilleront une course automobile. Un incroyable paradoxe pour une ville engagée depuis de nombreuses années dans une lutte contre l’automobile. Pourtant, après avoir laissé passer la première édition du Championnat du monde de Formule E, Anne Hidalgo, la mairie de la capitale; a donné son feu vert pour l’organisation d’une épreuve du championnat des monoplaces électriques. La mobilité électrique, c’est l’avenir. Cette course va donner un grand coup d’accélérateur à cette mobilité propre au quotidien, se réjouissait Anne Hidalgo durant la conférence de presse donnée dans les salons de l’Hôtel de ville. Le ePrix de Paris, septième manche du Championnat 2015-2016, sera la première course automobile intra muros depuis le Grand prix de Paris 1951, qui s’était déroulé au Bois de Boulogne. Les monoplaces rouleront autour des Invalides (7e arrondissement).
Un site prestigieux sélectionné avec précaution. D’autres hypothèses avaient été imaginées comme un circuit autour du Parc des Princes, un autre au Bois de Boulogne ou un tracé sur la pelouse de Reuilly, à l’extrémité du bois de Vincennes. Sauf que les images et le symbole n’auraient pas été assez forts. Entre-temps, Londres a organisé son épreuve dans le parc de Battersea et Moscou a fait de même avec le Kremlin en toile de fond. Les images de l’épreuve moscovite ont frappé les esprits. Paris a alors travaillé sur des tracés de prestige, notamment autour du Grand Palais. Mais le cahier des charges est très précis, avec notamment des dégagements nécessaires pour installer les stands. Une configuration a répondu à l’ensemble de ces critères : les Invalides. Le gouverneur militaire de Paris, qui siège aux Invalides, s’est laissé séduire par le projet.
Pour permettre aux monoplaces électriques d’atteindre sans risque la vitesse de 200 km/h par endroits, des murets de béton surmontés de grillage délimitent la piste des gradins qui accueilleront les 15.000 spectateurs attendus. Les travaux, dont le coût est estimé à plus d’1 million d’euros le kilomètre, se termineront la veille de la course, pour minimiser la gêne occasionnée. Fin mars, les pavés historiques de la place Vauban avaient déjà été recouverts de bitume, de manière temporaire, et le reste du parcours rénové pour les bolides. Tout un matériel acheminé par trois barges, sur la Seine, jusqu’au port du Gros-Caillou en aval du pont des Invalides. Plus de quatre kilomètres de barrières sont nécessaires pour ceinturer le circuit. La Formule E se distingue des autres disciplines automobiles en contenant l’ensemble des événements (essais, qualification et course) le même jour. Seul un shakedown – plusieurs tours de piste – de deux heures maximum est organisé le vendredi. Sur les axes utilisés, la circulation sera donc interdite deux à trois heures le vendredi et toute la journée du 23 avril. Il ne risque donc pas de provoquer des bouchons : en outre, la course a lieu pendant le deuxième week-end des vacances des écoliers parisiens et franciliens.
La réussite de l’événement est cruciale, à la fois pour l’organisateur, Alejandro Agag, qui engage 6 à 10 millions d’euros par course, somme couverte par les sponsors, la vente de tickets et tout ce qui concerne l’accueil autour du circuit, mais aussi et surtout pour les pouvoirs publics alors même que la ville est candidate à l’organisation des Jeux olympiques 2024.