Au pays du toujours plus grand, plus rapide et plus spectaculaire, il n’est pas surprenant que la pratique des drifts sauvages et des courses automobiles soit si populaire. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le terme, le drift est une technique de conduite qui consiste à braquer le volant intentionnellement tout en conduisant à grande vitesse, provoquant la perte de traction sur les roues arrière ou sur toutes. Le drifting est un mouvement qui est souvent incorporé dans les courses de drag ou de rue, une sorte de sport qui a acquis un statut culte chez de nombreux jeunes au Moyen-Orient et aux Émirats arabes unis, connu sous le nom de Hajwala ou Tafheet en arabe.
Entre recherche de sensations fortes et illégalité.
Le « Hajwalah » consiste globalement pour les jeunes hommes à la recherche de sensations fortes à conduire à toute vitesse sur les routes publiques, puis à faire dériver leur véhicule, comme s’ils en avaient perdu le contrôle. Les accidents de la circulation ont été, pendant un certain temps, parmi les principales causes de décès dans certains pays du Golfe. Ces dernières années, les gouvernements locaux ont mis en place de nouvelles campagnes de sécurité routière et les autorités, autrefois indulgentes, sévissent aujourd’hui pour débarrasser les rues de ces conducteurs imprudents.
Malgré son caractère illégal, le drifting reste une pratique très populaire à Dubaï et dans les autres pays du golf. Un phénomène que l’on retrouve dans d’autres secteurs de divertissement, comme le casino. Là encore, les établissements de jeux ne sont pas autorisés à Dubaï, mais les amateurs peuvent toujours tenter leur chance et parier à la roulette ou participer à des tournois de poker en ligne !
La pratique du drift est d’ailleurs tellement culte dans la région qu’elle a inspiré la sortie d’un documentaire Vice, et d’un film : Hajwala.
Les cinéastes Ali Bin Matar et Ibrahim Bin Mohammad y racontent l’histoire de deux jeunes émiratis tellement passionnés par les courses de drift qu’ils sont impliqués dans une série d’événements qui changeront leur vie à jamais. Plutôt que de se concentrer uniquement sur les courses de voiture, comme un remake de Fast and Furious, le propos est plutôt de montrer comment ce mode de vie affecte les conducteurs et leurs familles.
Une communauté en pleine expansion
La première compétition officielle de drifting s’est tenue en Arabie saoudite en 2013. Elle était dirigée par Abdulhadi Alqahtani, qui souhaitait voir le sport évoluer vers une discipline plus professionnelle, et non plus une pratique sauvage mettant potentiellement la vie des conducteurs et celle des autres passagers, en danger.
Alqahtani a d’ailleurs participé à plus de 120 compétitions internationales et a reçu plusieurs distinctions pour ses prouesses en drift et en course sous la bannière de l’équipe Al-Jazirah Ford Racing. Plus récemment, il a même participé au salon international de l’automobile saoudien 2022, Autoville, où il a de nouveau drifté avec style sous sa bannière.
A l’image de sa carrière, la pratique du drifting s’est donc éloignée des routes publiques pour devenir un véritable sport et un spectacle à part entière. « Le drifting ne consiste pas à savoir qui terminera le parcours en premier », a déclaré Alqahtani. Après les qualifications, une compétition de drift se résume à une bataille entre deux pilotes dans une course en tandem. Chaque pilote prend un tour en tête et un tour en chasse. Un panel de trois juges évalue les pilotes sur différents éléments de la dérive tels qu’un bon angle de dérapage tout au long du parcours, une course et même un flashiness, connu sous le nom d’impact. Les juges vont ensuite additionner les scores pour sacrer le grand gagnant.
La pratique du drift… plus si sauvage qu’à ses origines
Des académies et des ligues ont depuis été créées par des coureurs professionnels dans le but d’atténuer les incidents du drifting illégal dans la rue et d’éduquer les jeunes sur ses dangers tout en les encourageant à participer à des événements organisés de manière officielle.
On a malheureusement vu réellement un « gel » du drifting depuis 2018, selon Alqahtani. Il estime que les autorités compétentes en la matière, notamment la Fédération saoudienne du sport automobile et le ministère des Sports, ont tendance aujourd’hui à se concentrer sur les sports automobiles internationaux, plus susceptibles d’attirer et de séduire les foules, comme cela peut être le cas avec la Formule 1, la Formule E et le Rallye Dakar.