Chelsea, Barça, Monaco… Tous les clubs ne sont pas logés à la même enseigne

Les dépenses folles de Chelsea lors de ce mercato d’hiver amènent à s’interroger sur les règles du Fair Play Financier et leur application. Les clubs sont-ils tous considérés de la même manière face au règlement ? Rien n’est moins sûr…

Le transfert du milieu de terrain argentin Enzo Fernandez de Benfica à Chelsea pour 121 millions d’euros conclut un mercato XXL pour les Blues. Ces derniers auront dépensé la bagatelle de 350 millions d’euros. La note grimpe à plus de 610 millions si l’on compte les dépenses de l’été dernier. D’après RMC Sport, Chelsea pourrait être inquiété par le Fair Play Financier si le club londonien ne se qualifie pas pour la Ligue des Champions la saison prochaine. Les pensionnaires de Stamford Bridge sont dans le viseur de l’UEFA depuis septembre dernier. Seront-ils vraiment inquiétés ?

La jurisprudence Manchester City

Lorsque l’on pense aux sanctions du fair-play financier (FPF), on évoque forcément l’épisode Manchester City. En février 2020, les Citizens avaient été exclus des Coupes d’Europe pour deux ans pour avoir enfreint les règles du fair-play financier et avait écopé d’une amende de 30 millions d’euros. Il faut rappeler que le fair-play financier interdit à un club engagé en compétition européenne de dépenser plus que ce qu’il ne gagne et encadre étroitement les injections de capitaux de la part des propriétaires. Malgré les accusations de surévaluation des sponsorings de Manchester City, le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) avait ensuite annulé la sanction en juillet 2020 et l’amende était passée de 30 à 10 millions d’euros. Une affaire qui devait faire office de jurisprudence pour tout club sanctionné. Or d’autres sanctions surprenantes ont été prises.

Nouvelles règles, nouveau départ ?

Le fair-play financier continue mais certaines règles ont changé, en espérant y voir le signe d’un nouveau départ. Désormais, les pertes tolérées sur 3 ans vont doubler, passant de 30 à 60 millions d’euros et devront être couvertes par l’actionnaire. Ce mode de fonctionnement favorisera les clubs qui appartiennent à de riches propriétaires, tels que Manchester City, le Paris SG, Chelsea et Newcastle. En revanche, les clubs devront limiter leur masse salariale à 90% de leurs revenus en 2023-2024, puis 80% et enfin 70% à partir de la saison 2025-2026, le temps que les contrats en cours arrivent à échéance. Par ailleurs, chaque club verra sa dette davantage prise en compte. Les clubs devront la réduire de 10% chaque saison. Ainsi, des clubs habitués à de lourds endettements tels que Barcelone ou Manchester United risquent d’être pénalisés par cette nouvelle règle. Ainsi, l’UEFA pourrait leur retirer des points pour la Ligue des Champions nouvelle formule en 2024, ou même les rétrograder en Europa League. Si le cas de figure se présente, ces clubs seront-ils réellement sanctionnés s’ils font appel devant le TAS ? Après la jurisprudence Manchester City, c’est une question que l’on peut légitimement se poser.

Le cas OM pose question sur l’égalité de traitement entre les clubs

Sous le régime de l’ancien fair-play financier, l’Olympique de Marseille n’avait pas eu la même chance que Manchester City. Au moment où le club mancunien sortait blanchi, l’OM était lourdement sanctionné par l’UEFA : 3 millions d’euros + limitation à 23 joueurs pouvant disputer les Coupes d’Europe jusqu’en 2023. En septembre 2022, au moment où les nouvelles règles s’appliquent, Marseille est encore sanctionné au même titre que Monaco et le Paris SG. Si les Marseillais et les Monégasques s’en sont sortis avec 300 000 euros d’amende, les Parisiens ont dû payer 10 millions d’euros. Ainsi, le club de la Capitale a été sanctionné en 2022 sans avoir beaucoup dépensé sur le marché des transferts. Or il ne l’avait pas été lorsque Neymar avait débarqué pour 222 millions d’euros. L’OM et Monaco ne dépensent jamais ce genre de somme sur des transferts, ils n’en ont pas les moyens. Bien qu’ils aient une masse salariale imposante, ils ne mettent pas en péril la santé financière de leurs institutions respectives et ne dépensent pas plus qu’ils ne gagnent contrairement à Manchester City et Chelsea. Or, les sanctions tombent assez facilement malgré tout et interviennent après que le football français a été durement touché sur le plan économique, aussi bien à cause de la crise Covid que de la crise Médiapro. Au vu de ce contexte particulier, plus d’indulgence de la part de l’UEFA envers les trois clubs français n’aurait pas été scandaleux.

Pour rappel, sept autres clubs (Paris SG, Monaco, AC Milan, Inter Milan, Juventus Turin, AS Rome et Besiktas), ont fait l’objet de sanctions de la part de l’instance de contrôle financier des clubs (ICFC). Il faudra voir dans le futur si des clubs ayant beaucoup dépensé ces derniers mois tels que Chelsea ou Manchester City seront logés à la même enseigne.