La France tient une chance énorme de remporter le premier titre européen de son histoire. Après leur victoire face à la Bulgarie 3 à 2 (18-25, 22-25, 26-24, 25-21, 15-12), samedi à Sofia, les Bleus ont gagné le droit d’affronter la Slovénie, invité-surprise de la finale et largement à leur portée !
Les Bleus, certes, auraient tort de sous-estimer une équipe qui vient de battre successivement la Pologne, championne du monde, en quarts de finale, puis l’Italie en demi-finales, mais n’auraient-ils pas signé pour affronter pour le titre une nation sans référence internationale, qui n’avait jamais jusque-là atteint le dernier carré continental? Cette chance en or, ils sont allés la chercher en puisant au plus profond de leur courage et de leur conviction. Que ce fut dur! Balayés pendant deux sets, ils sont même passés à deux points de la défaite 3 à 0 (23-23 au troisième).
Ils étaient prévenus que les Bulgares, devant le public de Sofia, étaient capables de tout. Six d’entre eux avaient même déjà connu dans la même salle une cruelle déconvenue il y a trois ans dans un tournoi de qualification olympique. Et pourtant, les Bleus n’ont d’abord pas résisté à l’extraordinaire ambiance de l’Arena Armeec. Dans un bruit assourdissant, un speaker hurlant des slogans repris à pleins poumons par les 12.500 supporteurs, ils ont été complètement submergés dès les premiers échanges. Incapables de réceptionner, ratant beaucoup trop de services (7 dans le premier set), ils avaient complètement oublié leur volley. Comme un symbole, c’est la star Earvin Ngapeth qui a le plus souffert dans ce début de match cauchemardesque. Mitraillé systématiquement par les puissants serveurs bulgares, il a chancelé en réception et été muselé au filet (0 point sur 10 tentatives au premier set).
L’attaquant de Modène n’a évidemment pas été le seul responsable de ce début de déroute. Kevin Le Roux a semblé désorienté par les choix du passeur serbe Bratoev, ce que Benjamin Toniutti n’a pas été capable de faire avec les contreurs bulgares. Seuls Antonin Rouzier et parfois Kevin Tillie, restaient à leur niveau à l’attaque, mais sans pouvoir éteindre l’euphorie bulgare. Ce n’était qu’une question de temps!
Deux miracles, sinon rien !
Les Français ont eu l’immense mérite de ne pas s’effondrer. Et le miracle de Turin où, dimanche dernier, ils étaient déjà revenus de 2 sets à 0 pour battre l’Italie, s’est reproduit. La réception s’est peu à peu stabilisée, Ngapeth a retrouvé du mordant à l’attaque et au service et Rouzier, le meilleur Français depuis les quarts de finale, a encore haussé le ton au filet. Sur une réception directement en face, Ngapeth a ramené la France à 2 sets à 1. La chance des Bulgares était passée. La hiérarchie allait être respectée. Après l’égalisation à 2-2, grâce à deux contres de Ngapeth sur le vétéran Nikolov (38 ans), le tie-break ne pouvait plus échapper à la France, même si le dernier acte fut lui aussi de haute intensité, ne se décantant que sur un magnifique bloc de Kevin Tillie, seul au contre.
Contre toute attente, la Slovénie sera le dernier obstacle sur la route du premier sacre européen français, après quatre échecs en finale, le dernier en 2009 en Turquie, où seul Rouzier était déjà présent. Une énorme surprise, même si les Français connaissent la valeur de cette équipe qui s’appuie sur un trio grands d’attaquants du championnat d’Italie (Mitja Gasperini à Vérone, Tine Urnaut à Trente et Klemen Cebulj à Ravenne). Elle les avait battus (3-1) le mois dernier en Allemagne. Mais ce n’était qu’un match amical.