En treize éditions, ils sont plusieurs centaines de solitaires à avoir flirté avec les dépressions, frôlé les icebergs, percé le brouillard pour enfin apercevoir la ligne d’arrivée. En 2016, vingt-quatre concurrents seront sur la ligne de départ de la Transat Anglaise, lundi à Plymouth, pour 3.050 milles à travers l’Atlantique Nord.
Tous les vainqueurs de la Transat anglaise, rebaptisée cette année The Transat bakerly, ont connu les coups de vent à répétition, le stress des glaces dérivantes, l’angoisse des bancs de Terre-Neuve recouvert d’un brouillard à couper au couteau, l’incertitude du résultat final, mais surtout la joie d’en avoir fini après cette traversée. Pour l’édition 2016, la guerre des trois (maxi-trimarans) aura bien lieu et la Transat Plymouth (sud-ouest de l’Angleterre) – Newport (Etats-Unis) ne devrait logiquement pas échapper à l’un de ces monstres, capables si la météo s’y prête, d’exploser le record de l’épreuve. A quelques heures du départ, lundi à 15h30, Sodebo (Thomas Coville), Macif (François Gabart) et Actual (Yves Le Blevec) tiraient sur leurs amarres, impatients d’en découdre.
Macif (30 m) est un peu l’épouvantail de la flotte. Mis à l’eau l’été dernier, il est manifestement bien né et a déjà gagné (en double) la Transat Jacques Vabre 2015. Nous avons déjà marché à 43 noeuds, confie Gabart, 33 ans, skipper aux doigts d’or qui a gagné le dernier Vendée Globe et la Route du Rhum 2014 (en monocoque Imoca). Dans de meilleures conditions, le bateau devrait aller encore plus vite. On est capable de tenir des moyennes de 33-34 noeuds, c’est ça qui est important.
La nacelle de vie du bateau, la +cabane+ où sont rassemblées toutes les fonctions vitales (manoeuvres/navigation/veille), est un modèle du genre. Aucun skipper, même en monocoque, n’est aussi protégé que Gabart. Sur un trimaran de cette taille et puissance, il faut être en forme 24 heures sur 24. Pour ça, il va falloir dormir par périodes de 5, 10, 15 minutes, l’écoute (de grand-voile) dans la main.
Le meilleur ennemi de Macif est Sodebo, un autre plan VPLP de 31,50 m. Seule la coque centrale est neuve, les flotteurs et les poutres étant ceux du Geronimo d’Olivier de Kersauson. L’ensemble est un poil moins véloce que Macif mais très costaud et sans doute plus à l’aise dans le gros temps au près. Je peux gagner en prenant des risques, estime le skipper. Dans les phases de transition, en retardant les manoeuvres ou en les faisant plus rapidement. Je peut ainsi grappiller un ou deux milles. Mais on n’a pas le droit de se tromper.
Les uns et les autres tablent sur une traversée de l’Atlantique en 8 jours, peut-être moins. Plus vite en tous cas que Michel Desjoyeaux en 2004, qui avait franchi la grande mare en 8 jours 8 heures et 29 minutes avec un trimaran de 18,28 m.
Pour chaque catégorie (la flotte est composée de quatre classes : trimarans Ultime, monocoques IMOCA, Multi-50 et Class40), la méthodologie ne peut être la même car si le parcours est gravé dans le marbre, la succession de systèmes météorologiques sera très différente entre les ultra rapides trimarans qui pourraient atteindre les bancs de Terre-Neuve en moins de cinq jours et les Class40 qui mettront difficilement moins de quinze jours pour rallier New-York !
Les engagés
ULTIME
François GABART (MACIF)
Thomas COVILLE (SODEBO)
Yves LE BLEVEC (ACTUAL)
IMOCA
Jean-Pierre DICK (ST MICHEL VIRBAC)
Richard TOLKIEN (44)
Vincent RIOU (PRB)
Sébastien JOSSE (EDMOND DE ROTSCHILD)
Paul MEILHAT (SMA)
Armel LE CLEAC’H (BANQUE POPULAIRE)
MULTI 50
Pierre ANTOINE (OLMIX)
Gilles LAMIRE (FRENCH TECH RENNES ST MALO)
Lalou ROUCAYROL (ARKEMA)
Erwan LE ROUX (FENETREA CARDINAL)
Erik NIGON (VERS UN MONDE SANS SIDA)
CLASS 40
Anna-Maria RENKEN (NIVEA)
Thibaut VAUCHEL CAMUS (SOLIDAIRES EN PELOTON)
Maxime SOREL (VandB)
Louis DUC (CARAC)
Isabelle JOSCHKE (GENERALI – HORIZON MIXITÉ)
Hiroshi KITADA (KIHO)
Armel TRIPON (BLACK PEPPER/LES PETITS DOUDOUS)
Edouard GOLBERY (RÉGION NORMANDIE)
Robin MARAIS (ESPRIT SCOUT)
Phil SHARP (IMERYS)
HORS CATEGORIE
Loïck Peyron (Pen Duick II)