Un mois après avoir gagné la dixième Route du Rhum, à laquelle il avait déjà participé six fois sans jamais s’imposer, Loïck Peyron a été nommé Marin de l’année 2014. Un trophée qui couronne un surdoué de la voile capable de passer de la Coupe de l’America à la course océanique avec un égal talent.
Loïck Peyron, 54 ans, succède à Franck Cammas, Marin de l’année 2012 et 2013. Avant même son succès dans la Route du Rhum, le palmarès de Peyron donnait le vertige par sa richesse et sa diversité : : trois victoires dans la Transat anglaise (1992/1996/2008), deux dans la Transat (en double) Jacques-Vabre (1999-2005), une dans la Barcelona World Race (en double/2011)… Sans oublier le Trophée Jules-Verne (en équipage/2012) et cinq titres de champion du monde Orma (trimarans de 18,28 m). Peyron a également été cobarreur du catamaran suisse Alinghi dans la Coupe de l’America 2010 à Valence (Espagne) et de l’AC72 suédois Artemis dans la 34e, l’an dernier à San Francisco.
Doté d’un excellent sens de la communication, il ne peut résister à la tentation d’un bon mot. Cette victoire dans le Rhum, a-t-il lancé en arrivant à Pointe-à-Pitre, c’est la cerise sur le bateau !. Sa victoire a été d’autant plus remarquable qu’il avait remplacé au pied levé Armel Le Cléac’h, le skipper titulaire du trimaran Banque Populaire VII (31,50 m), blessé à une main deux mois avant le départ.
Le calendrier a sans doute joué pour moi, a réagi le lauréat. Cette Route du Rhum qui arrive en fin d’année a été exceptionnelle et très bien partagée, et la réminiscence cérébrale du grand public a dû jouer en ma faveur. Le casting était fabuleux, impressionnant, et c’est difficile de se réjouir d’un titre acquis au détriment des autres… Il y a beaucoup de personnes très méritantes dans notre domaine de la voile qui est extrêmement riche et d’une grande variété.
Né le 1er décembre 1959 à Nantes, Loïck est le cadet des trois Peyron. Bruno, l’aîné, a remporté le premier Trophée Jules-Verne en 1993 (puis en 2002 et 2005), et Stéphane, le benjamin, ancien véliplanchiste, est journaliste et documentariste. Initiés par leur père officier de marine marchande, Loïck Peyron, ses deux frères et deux soeurs ont tiré leurs premiers bords sur le bateau familial. La mise à l’eau du monocoque Vendredi 13 (39 m) pour la Transat anglaise de 1972, à laquelle il assiste en compagnie de son oncle et skipper Jean-Yves Terlain, a été déterminante pour l’avenir de Loïck, alors âgé de douze ans. C’est ce jour-là qu’il décide de devenir navigateur professionnel. A 18 ans, il réalise sa première traversée de l’Atlantique.
Peyron est un skipper recherché car, à la différence de quelques grandes gueules patentées, il élève rarement la voix à bord de ses bateaux et garde son calme même dans les situations délicates. En mer, avait-il expliqué après le Jules-Verne, j’aime bien dédramatiser. Ce n’est pas parce que les choses deviennent un peu plus compliquées, voire angoissantes, qu’il faut être angoissé soi-même, parce que ça transparaît immédiatement sur une équipe.