Après la désillusion contre la Suisse en finale, l’équipe de France de Coupe Davis doit se tourner vers l’avenir. Avec toujours Arnaud Clément comme capitaine, ce qui est sûr, et toujours les mêmes joueurs, ce qui l’est un peu moins ?
Jean Borotra, Jacques Brugnon, Henri Cochet et René Lacoste n’ont pas encore de réels successeurs. Annoncés peut-être un peu trop vite comme les nouveaux Quatre Mousquetaires de l’équipe de France de Coupe Davis, Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils, Gilles Simon et Richard Gasquet vont dans un premier temps devoir digérer la claque infligée par la Suisse à Villeneuve d’Acsq avant d’espérer pouvoir se montrer à la hauteur de leurs glorieux aïeux, victorieux à six reprises de la compétition entre 1927 et 1932. C’est une expérience forte pour tous les joueurs. Accumuler cette expérience, ces grands moments contre des joueurs de cette qualité peut servir à l’avenir, voulait croire le capitaine Arnaud Clément, optimiste après la leçon donnée par Roger Federer et Stanislas Wawrinka.
Maintenant, il faut encaisser, c’est dur pour tout le monde : eux, moi, les membres du staff, même pour les supporters. Tout le monde y croyait très fort. La qualité des grands champions est de savoir réagir, rebondir, réfléchir à comment y arriver. Je suis persuadé que mon groupe a cette force. Jean Gachassin a confirmé que l’Aixois avait toute la confiance des instances dirigeantes, le confortant du coup à son poste de capitaine pour le prochain exercice de Coupe Davis. Quelques semaines de vacances avant de commencer la nouvelle saison seront-elles suffisantes pour oublier du côté des joueurs ? Sûrement pas. Mais du temps, les Bleus n’en auront pas vraiment : ils sont attendus du 6 au 8 mars 2015 en Allemagne pour le 1er tour de Coupe Davis. La motivation sera-t-elle encore là, alors qu’ils n’avaient jamais été aussi proches de leur rêve ?
La carte perso pour Jo ?
Depuis leur échec l’année dernière en Argentine, l’état d’esprit du groupe est souligné par tous les observateurs. En conférence de presse, ils sont néanmoins tous apparus les visages fermés, sauf pour un Gilles Simon étonnamment détendu sur sa chaise. Gaël Monfils, le seul à avoir apporté un point aux Bleus, semblait le plus marqué. Déçu a été le seul mot qu’il aura prononcé. Après un exercice tronqué par les blessures, le Parisien devra prendre encore plus de responsabilités au sein de cette équipe de France. Ne serait-ce pour soulager un Jo-Wilfried Tsonga pour qui cette pression semble parfois trop lourde. Comment expliquer sinon le fait que le Manceau ait voulu jouer coûte que coûte alors que son physique l’a trahi dès le premier match ? Sifflé par une partie du public nordiste lors de la cérémonie de clôture, il a regretté sur RMC le fait que certains n’aient aucune reconnaissance envers tout ce que j’ai donné à cette équipe au fil des années. Déjà contraint de renoncer à disputer la finale en 2010 à Belgrade, ne sera-t-il pas tenté de privilégier la carte perso dans les mois à venir ?
Dans l’Equipe Guy Forget refuse de croire que Jo pourrait tourner le dos aux Bleus : Pourquoi Jo n’aurait pas envie de revenir là-dedans ? Il n’a pas le choix… Gilles Simon, remplaçant frustré et qui semble traîner comme un boulet son historique négatif en Coupe Davis, tentera de son côté de bousculer la hiérarchie en passant devant Richard Gasquet dans l’esprit de Clément. Il faudra également trouver une paire de double solide : laisser sa chance à Benneteau – Roger-Vasselin, installer Tsonga – Gasquet, ou tout simplement tenter autre chose. Sur le papier, les cinq retenus pour le stage de cette finale semblent intouchables et trop loin pour les Jérémy Chardy, Adrian Mannarino ou le revenant espéré Benoît Paire. Leur avenir en Bleu ne tient qu’à eux, alors qu’ils ont déjà prouvé leur attachement à la Coupe Davis. Un amour pas réciproque pour le moment.
Frédéric Sergeur