Toujours lucide malgré l’allégresse de la victoire et les bulles consommées avant de se présenter devant la presse, Roger Federer semblait avoir du mal à réaliser la portée de son exploit en finale de la Coupe Davis.
Roger, cette victoire vous paraissait très loin il y a une semaine. Quel a été l’effort de l’équipe pour contribuer à cette victoire ?
C’est une bonne question. Nous sommes très heureux. On s’est bien amusé depuis la balle de match. C’est Stan qui nous a mis dans cette formidable position pour ce dimanche. En fait, la semaine a été longue, mais cela a été une des meilleures que nous avons passée ensemble en tant qu’équipe. On s’est beaucoup amusé ensemble, tout a bien marché. Les membres de l’équipe sont dans cette équipe depuis 10 ans ou plus pour certains. On s’entend très bien. On a été vraiment content de pouvoir gagner à la fin, c’est un grand moment pour nous tous.
Comment cette victoire est différente de l’émotion que l’on peut ressentir dans un Grand Chelem ou pour une médaille aux Jeux Olympiques ?
Chaque chose est différente mais au bout du compte, c’est un match de tennis. On ressent beaucoup d’émotions. Je suis heureux et soulagé. On voulait vraiment cette victoire. En menant 2-1, on sentait que l’on s’en approchait de plus en plus. Stan, tous les autres membres de l’équipe me soutenaient et c’est dans ce cas-là que l’on va encore plus loin. Cela a été une des meilleures émotions de toute ma carrière, cela ne fait aucun doute. Je serais très content de célébrer cela ensemble, avec vous. C’était formidable de vous entendre.
Avez-vous déjà connu une telle situation ? Dimanche dernier, vous étiez très bas et maintenant, vous êtes très haut. En une semaine, il y a une différence incroyable dans vos émotions.
J’ai déjà connu des telles situations auparavant mais pas au point d’avoir abandonné à une finale. C’était différent et décevant, il a fallu que je prenne la décision. Je commençais déjà à sentir que j’allais être obligé de le faire le samedi soir. J’ai déjà joué dans des conditions difficiles en 2003 ou 2012 à Wimbledon. Je pensais ne pas terminer le match et j’ai même gagné Wimbledon. Les choses paraissaient compromises aussi pour cette rencontre. Je suis content d’avoir pu jouer.
Pouvez-vous nous dire ce que ce titre représente pour vous et pour la Suisse ?
C’est un grand jour pour le sport et notre pays. Nous sommes un petit pays et on ne gagne pas de grands événements sportifs toutes les semaines. C’est un grand jour pour cela. Je pense que l’on pourra peut-être créer de nouvelles opportunités pour le sport en général, si c’est pour le tennis, tant mieux mais aussi pour d’autres sports. Ce serait bien de pouvoir inspirer de nouvelles générations et convaincre les personnes de s’engager dans le sport. Nous avons aussi partagé un esprit d’équipe. Les gens l’ont vu. Je suis très heureux, j’ai joué dans cette compétition depuis 15 ans maintenant. En fait, je voulais peut-être plus encore ce trophée pour l’équipe, pour Stan et tout le staff. C’est formidable. On s’est très bien amusé. Je pense que ce n’est pas encore la fin. Il nous reste encore beaucoup d’heures à vivre aujourd’hui.
Vous avez fait beaucoup de compliments à l’équipe médicale. À Londres, dimanche, pensiez-vous pouvoir jouer trois matches en trois jours ?
Nous avons beaucoup parlé entre nous, nous avons envisagé toutes les possibilités pour ce week-end. Nous avons essayé de voir comment je pouvais me sentir le mieux le plus vite possible en sachant que ce n’était pas la fin de ma carrière sachant que je pouvais encore jouer l’année prochaine. Il fallait que mon corps prenne le temps de guérir. Il fallait donner le temps à mon corps de se rétablir. Lundi, mardi, je pensais ne pas pouvoir jouer trois jours, effectivement. Après vendredi, j’ai pensé qu’il y avait peut-être une chance. C’est là où j’ai eu le plus confiance. Je ne pensais pas que c’était possible de jouer trois jours.
J’imagine que tu te souviens de ta première émotion quand tu as rencontré ton premier Grand Chelem. Est-ce comparable ? Est-ce aussi fort que ton premier succès en Grand Chelem ?
R. FEDERER.- Tu ne peux pas comparer. Quand j’ai gagné Wimbledon, c’était le choc complet. La Coupe Davis, c’était possible à un moment dans ma carrière. C’était la pression pour gérer tout cela et essayer de rendre tout le monde heureux avec le soutien de l’équipe. Le sentiment est à part. En plus, tu n’es pas seul sur le terrain. Cela change toute la donne.