La Ligue nationale de rugby (LNR) et douze clubs du Top 14 réaffirment leur totale opposition au principe des contrats fédéraux que souhaite mettre en place le président de la Fédération, Bernard Laporte, pour le XV de France.
Ce projet qui repose sur un statut juridique inapplicable n’est en rien nécessaire à la recherche de l’optimisation des conditions de préparation de l’équipe de France. Il (…) désorganiserait le rugby professionnel français a fait savoir la LNR dans un communiqué signé par son président, Paul Goze, et tous les présidents des clubs de l’élite sauf Mourad Boudjellal (Toulon) et Francis Salagoïty (Bayonne). Les signataires étaient réunis mardi à Orly pour débattre du projet de contrats fédéraux voulu par Bernard Laporte.
S’ils apportent tout (leur) soutien aux joueurs et à l’encadrement des Bleus, ils estiment qu’il convient d’attendre la fin du Tournoi des Six Nations, soit le 19 mars, pour engager un débat sur le sujet. La Ligue se dit par ailleurs prête à discuter avec la FFR sur une nouvelle optimisation des conditions sportives de fonctionnement du XV de France, mais seulement si ce dialogue s’inscrit dans le respect des principes d’organisation du rugby professionnel français.
Bernard Laporte veut faire signer à une quarantaine d’internationaux une sorte de contrat fédéral. Les joueurs seraient salariés à la fois par la FFR et par leur club. Les joueurs seraient à disposition du XV de France pendant six mois sur une saison, contre environ quatre mois et demi actuellement. En échange, la FFR rembourserait aux clubs concernés le salaire journalier desdits joueurs par jour de mise à disposition auprès du XV de France, au prorata de leur montant, selon Serge Simon, vice-président de la FFR. Celui qui est aussi le manageur du XV de France ne comprend pas les réticences du secteur professionnel. Aujourd’hui, on veut prioriser l’équipe de France et on tombe sur un refus. On ne s’attendait pas à ça. On ne comprend pas cette opposition de principe. Ca pose question. Je ne sais pas ce que l’avenir nous prépare mais nous avons un président qui mettra sa réforme en place. C’est une réforme nécessaire mais ce n’est pas une révolution. Ce serait la statut de 40 mecs qui bloquerait le système ? Si c’était débile, fou, dangereux, les joueurs n’auraient pas dit oui. Ca aussi il faut que la Ligue l’entende : aujourd’hui, les joueurs sont aussi porteurs du projet. On a l’impression qu’on parle de l’abolition des privilèges ! On est sereins. Mais si on pouvait travailler en bonne intelligence et vite… Après, nous sommes des gens optimistes. On va passer, avec de l’intelligence. On pense qu’on va être entendus. Petit à petit, notre discours convainc des acteurs. Il va se propager, on va y arriver. Les seuls qui opposent un refus sont les dirigeants de la Ligue.
Tout le monde l’a fait et tout le monde nous passe devant. Les Anglais n’ont pas mis en place des contrats fédéraux mais, dans l’esprit, c’est pareil : la Fédération va dans les clubs pour dire lui il joue, lui il ne joue pas. Ils ont un gentleman agreement et ça fonctionne.
Et les autres réformes ?
Les contrats fédéraux, c’est un engagement, rappelle Serge Simon. Mais il y en a 44 autres ! On va notamment soumettre au vote du comité directeur du 17 mars tout un train de mesures concernant les clubs amateurs. Notamment la limitation du nombre d’étrangers dans le monde amateurs. Actuellement, il n’y a que 40% de joueurs sélectionnables dans les clubs de Fédérale 1. Or c’est là que les jeunes peuvent avoir du temps de jeu qu’ils n’ont plus aujourd’hui. Il y a un risque juridique qu’on s’en prenne à nous mais, s’il le faut, nous irons nous expliquer à Bruxelles, devant la commission européenne. Car nous pensons qu’il faut faire évoluer la législation. C’est ça la noblesse de la politique.