Pour la troisième année consécutive, Val d’Isère organise du 13 au 16 juillet le salon du véhicule électrique et hybride. Cette année, plus de 100 exposants se sont donnés rendez-vous au cœur de la prestigieuse station des Alpes pour présenter leur savoir-faire en matière de mobilité douce. Marc Bauer, maire de la commune depuis 2008, a répondu à nos questions. Sans langue de bois et avec toute la simplicité qui le caractérise. Parmi les sujets évoqués : l’électricité bien entendu, les problématiques des stations de ski, le sport et l’enneigement « garanti » pendant toute la période hivernale.
-Marc Bauer, comment est né ce Salon ?
-En 2009, lors de l’organisation des Championnats du Monde de ski à Val d’Isère, nous avons pris conscience de notre potentiel environnemental et de la majestuosité de l’espace naturel qui nous entourait. De notre devoir d’exemplarité. De notre obligation de préserver notre territoire. L’idée du salon est venue assez naturellement. Plus tard. Tout est née avec BMW, partenaire de la station depuis une dizaine d’années, qui venait de sortir son modèle électrique, la I3… et avec la marque de vélos Scott, qui déployait sur le domaine ses premiers modèles électriques. A l’instar du salon du 4X4, dont le succès avait été assuré pendant de nombreuses années par des essais réalisés en plein air, nous nous sommes dits « Pourquoi ne pas organiser des essais de véhicules électriques en plein air ? ».
-C’est donc la troisième édition…
-Oui, en effet. La première année, il devait y avoir entre 30 et 40 exposants. Dès la deuxième édition, nous sommes passés à 80. Et cette année, nous comptabilisons plus de 100 marques inscrites. On a senti, dès le lancement du salon, un engouement fort de la part des constructeurs. L’événement attire chaque année de plus en plus de monde. Il devient progressivement référent. Et certains signes ne trompent pas. Thierry Sybord, Directeur de la marque Volkswagen en France est des nôtres pour cette édition. La marque a d’ailleurs annoncé qu’en 2025, 20% des voitures du groupe seront des véhicules électriques. Le groupe VW, c’est 10 millions de voitures. Donc, faites le calcul, cela représente 2 millions d’unités.
-C’est important pour la station d’accueillir un tel événement en été ?
-J’y vois deux intérêts pour Val D’Isère. On est une station ancienne, avec plein de vieilles traditions, mais on a toujours aimé se placer en première ligne. Etre à la pointe. Avant-gardiste. Val d’Isère a accueilli le premier funiculaire, le premier télésiège débrayable… On aime la technologie. La modernité. Créer chez nous un salon du véhicule électrique et hybride a du sens. Cela fait aussi taire les détracteurs de l’électrique qui prétendent sans cesse que les véhicules de mobilité douce ne fonctionnent pas par temps froid ou en altitude. Par ailleurs, l’installation de ce centre d’essai au cœur du Parc de la Vanoise est fort symboliquement. C’est une belle démonstration de notre capacité d’organiser de la mobilité propre dans un écrin fantastique.
-Cela participe-t-il au remplissage de la station ?
-Bien entendu ! C’est intéressant sur le plan économique. Val d’Isère a la chance de bien fonctionner en hiver mais on refuse d’être uniquement cantonnée à cette saison. Val d’Isère fonctionne à l’année. Il ne faut pas l’oublier. La période estivale est importante. A nous de la booster en créant des événements et en multipliant les animations. L’été représente 10% de notre chiffre d’affaires.
-Le vélo à assistance électrique, c’est un plus pour la station ?
-On y croit beaucoup. C’est vrai. A un moment donné, toutes les stations se sont mises à multiplier les activités. Aujourd’hui, on revient aux fondamentaux. Pourquoi ? Il suffit de s’interroger sur les raisons qui poussent les vacanciers à venir à la montagne en été… Ils nous choisissent pour deux raisons : D’abord pour se balader et randonner. Ensuite, pour faire du vélo. Notre site s’y prête parfaitement. Le col de l’Iseran, perché à 2770 mètres d’altitude, est très apprécié par les amoureux du cycle par exemple… Mais il faut reconnaître que seulement 5% de la population est en mesure aujourd’hui de s’y rendre avec des vélos « traditionnels ». C’est très élitiste. Quand vous mettez de l’assistance électrique, le chiffre grimpe à 20 ou 30%. On attire plus de monde, notamment des familles ou des femmes qui n’étaient pas en mesure de suivre leur conjoint jusqu’alors. Le VAE est un vrai produit « famille ».
-Quelles sont les offres de la station pour les amoureux du vélo justement ?
-Associé à notre voisin, Tignes, c’est l’ensemble de l’espace Killy qui est ouvert aux vététistes. Tignes était en avance en matière d’aménagement des pistes VTT. Depuis 2 ou 3 ans, nous avons bien rattrapé notre retard. Et pour inciter les vacanciers à s’y adonner, l’ensemble des remontées mécaniques sont gratuites durant la période estivale. Les pistes ont été refaites, sont régulièrement entretenues et sont encadrées par des experts pour assurer la sécurité des pratiquants.
-Quel est le profil du public qui se rend à la montagne en été ?
-La typologie de notre clientèle « été » est assez différente de la clientèle « hiver »… bien que de plus en plus de propriétaires, adeptes des sports d’hiver, souhaitent découvrir le visage de la montagne entre Juillet et Août et se réservent quelques jours durant cette période. Sinon, il y a beaucoup d’itinérants. Le nombre de rassemblements automobiles a considérablement augmenté ces dernières années. Parmi les nationalités les plus fidèles, il faut citer les Anglais, les Allemands et les Belges. Ils viennent généralement en petits groupes, entre amis, faire du vélo et se filmer.
-La multiplication des courts séjours, c’est un problème pour vous ?
-En été comme en hiver d’ailleurs. Avant on parlait des Juilletistes et des Aoûtiens. Aujourd’hui c’est terminé. On loue dorénavant des appartements, des maisons, des chalets pour 3 ou 4 jours. Les courts séjours sont devenus la norme. Au début, les hébergeurs et les loueurs ont eu du mal à s’adapter à ce nouveau mode de consommation. Dorénavant, c’est parfaitement entré dans les mœurs. Et pour répondre à votre question, c’est un mal pour un bien. Les vacanciers qui viennent à la montagne quelques jours dépensent bien plus d’argent qu’une famille qui s’installe pour une semaine. Pour la station, les recettes sont finalement bien plus importantes avec 2 séjours de 3 nuitées qu’un séjour de 6 nuitées. On s’y retrouve. Cet hiver, nous avons d’ailleurs fait une très bonne saison.
-La saison hivernale démarre quand à Val d’Isère ?
-Le dernier week-end de novembre et on termine après le 1er mai. C’est fixé dans le marbre.
-Quand vous dites bonne saison… vous entendez quoi ?
-En nuitées, nous avons fait +3,8% cette année. C’est considérable ! Et +6% en journées skieurs. Plus d’1,4 million journées skieurs, c’est le record absolu pour la station. Il faut dire que nous avons la particularité d’être bon sur « les ailes de saison ». La différence entre une « bonne » saison et une « très bonne » saison, ce sont les 15 premiers jours de décembre, auxquels viennent s’ajouter les 15 derniers jours d’avril. Si vous êtes bon sur ces périodes, vous marquez des points ! A Val d’Isère, nous avons la chance d’avoir un taux d’enneigement exceptionnel, toute l’année. Début décembre 2016, la neige manquait cruellement sur bon nombre de massifs. C’était loin d’être le cas chez nous. Nous communiquons beaucoup sur « la garantie neige ». C’est une vraie force pour la station.
-Les événements sportifs participent-ils à ce succès ?
-C’est certain. Le Criterium de la première neige par exemple… C’est l’occasion pour la station de montrer, dès décembre, via les réseaux sociaux et les retransmissions tv, que la neige est bel et bien présente. Les médias ne nous font pas toujours du bien, vous savez. Quand les JT et les journaux annoncent de concert que « la neige se fait attendre », je peux vous assurer que nous « rageons ». L’absence de neige, c’est un phénomène qui nous est inconnu. Par ailleurs, nous avons construit une usine à neige ultra moderne sur la face de Bellevarde, qui nous offre une puissance de feu très importante. Il suffit que nous ayons une petite couverture de froid, 24, 36 ou 48 heures… et les enneigeurs se mettent en marche.
-Vous avez bénéficié par ailleurs de l’absence de neige en Amérique du Nord…
-En effet. Des Coupes du Monde ont été annulées en Amérique du Nord faute de neige. Val d’Isère a ainsi récupéré sur ses terres la Coupe du monde masculine de ski alpin initialement prévue à Beaver Creek aux Etats Unis. Pendant 3 semaines d’affilée, nous avons organisé les Coupes du Monde. Le temps était exceptionnel. Un joli coup de projecteur pour Val d’Isère.
-Comment-faites vous la promotion de la station à l’étranger ou en France ?
-Il y a 4 stations que j’aime particulièrement en France aujourd’hui, en plus de ma station bien entendu. Courchevel, Méribel, Megève et Chamonix. Les 5 vieilles en quelque sorte… Ensemble, nous nous sommes regroupés il y a quelques années pour faire la promotion de nos massifs français pendant les Championnats du monde de ski alpin à Schladming (Autriche). Nous avions privatisé un restaurant dans le centre de la commune ; chaque station avait amené un chef étoilé ; et, pendant 15 jours, nous avons proposé des menus français. C’était une belle opération promotionnelle. Il ne faut pas perdre de vue que nos clients, on les retrouve essentiellement sur les beaux événements sportifs. Autour du ski, du golf, du yachting, etc. La promotion de la station aujourd’hui, ça doit être ça. Val d’Isère devrait être présent sur Roland Garros ou sur des Grands Prix de Formule 1. Et j’irais bien avec d’autres stations. Surtout sur des marchés lointains. Aux Etats-Unis, au Brésil, etc. Ce sont des pistes à creuser !