Devant les salariés du groupe Canal+, Vincent Bolloré avait annoncé vouloir investir pas moins de deux milliards d’euros pour relancer Canal+. Notamment dans le sport. La majeure partie de l’enveloppe serait absorbée par l’accord de distribution exclusive que Canal+ espère signer avec beIN Sports.
L’Autorité de la concurrence ne s’est pas encore prononcée sur cet accord qui bouleverserait l’univers de l’audiovisuel en France. Mais les parties se tiennent prêtes. BFM Business révèle un chiffre choc : le montant de l’accord de distribution exclusive de beIN Sports par Canal+. Il serait de 300 millions d’euros par saison pendant cinq ans, soit 1,5 milliard d’euros au total !
Une offre impossible à refuser pour beIN Sports qui ne peut compter sur les recettes d’abonnement pour équilibrer sérieusement ses comptes (beIN Sports, compte 2,5 millions d’abonnés à 13 euros par mois, ndlr). Avec 300 millions d’euros par saison, cette dernière toucherait ainsi six fois plus qu’Eurosport (50 millions d’euros par an), distribuée elle aussi exclusivement sur CanalSat depuis février 2015.
Au vu du montant évoqué, la filiale de Vivendi considère visiblement beIN Sports comme un actif stratégique. Au point non seulement de casser sa tirelire, mais également de faire des concessions incroyables. Selon le projet d’accord dévoilé par BFM Business, il est prévu de laisser la possibilité de s’abonner en solo à beIN Sports, pour le même prix de 14 euros par mois. Il n’y aurait donc pas d’obligation de s’abonner en même temps à Canal+ ou CanalSat. Le couplage des abonnements permettrait simplement de bénéficier d’une remise, d’une demi-douzaine d’euros environ, sur la facture totale. Une telle concession permettrait sûrement d’éviter le véto de l’Autorité de la concurrence, mais pour gagner des abonnés, Canal+ devra trouver autre chose… Canal+ fait déjà des packs sport avec beIN Sports à l’intérieur comme La Totale Sport. Le groupe prévoit également un mini-bouquet de chaînes centrées sur le sport (beIN Sports, Eurosport…), qui serait vendu 13 euros la première année (bientôt 14 euros), puis une vingtaine d’euros ensuite. Enfin, beIN Sports resterait accessible via tous les fournisseurs d’accès internet, sauf sans doute Numericable du groupe Altice qui a raflé les droits de la Premier League. Toujours dans l’optique de décrocher le feu vert de l’Autorité de la concurrence.
Le gendarme de la concurrence doit rendre sa réponse définitive sur ce projet d’accord de distribution d’ici la fin avril.