Attendu depuis des mois, le rapport de faisabilité sur la candidature de la ville de Paris à l’organisation des Jeux olympiques sort enfin de l’ombre. Confié à Bernard Lapasset, le dossier a nécessité plusieurs mois de travaux. Que contient-il ? Quels sont les points évoqués ? Comment Paris va organiser sa campagne ?
C’est le fruit d’une démarche structurée, entamée depuis de longs mois, que Bernard Lapasset présente à la maire de Paris, Anne Hidalgo, avant d’en faire de même aux instances sportive et politique du pays. Entre juin et septembre 2014, près de 250 personnes issues des mondes sportif, économique, politique ou encore de la société civile ont été interrogés au cours de différents ateliers. Puis la Comité français du sport international (CFSI), que préside Bernard Lapasset, a coordonné les acteurs publics des territoires concernés pour travailler sur une partie plus technique, destinée à étudier la faisabilité d’une candidature. C’est cette synthèse qui est présentée aujourd’hui.
Elle dit, évidemment, que Paris dispose des atouts nécessaires pour présenter sa candidature à l’organisation des Jeux olympiques. Oui, la France a des atouts pour gagner, a déclaré Bernard Lapasset à l’issue de la présentation de son rapport devant la maire de Paris, Anne Hidalgo. Mais le document de 250 pages présente surtout trois grands axes : l’intérêt qu’une candidature pourrait avoir et les premières évaluations financières, le contexte international dans lequel le projet pourrait s’inscrire, et enfin le retentissement des Jeux pour un pays organisateur.
Un budget inférieur à 4,5 milliards d’euros
Pour désamorcer toute polémique, les acteurs misent sur un budget plus que raisonnable pour des Jeux olympiques où la démesure a souvent accompagné les dernières éditions. Le coût estimé pour organiser l’événement serait inférieur à 4,5 milliards d’euros. Le budget des JO 2024 serait divisé en une partie opérationnelle (budget Cojo, le comité d’organisation) de 3,2 milliards d’euros à laquelle il faut retrancher 1,8 milliard d’euros apportés par le Comité international olympique (CIO), soit un reliquat de 1,4 milliard d’euros. Cette somme est traditionnellement compensée par les ventes de billets et les recettes marketing perçues auprès des sponsors nationaux. Les Jeux financent les Jeux, a indiqué Bernard Lapasset, détaillant la destination des fonds: les installations temporaires, le transport et le logement des athlètes, etc… Le budget Cojo serait financé exclusivement par des fonds privés (97%), la part d’argent public sera entièrement dédiée à la prise en charge d’une partie des dépenses des Jeux Paralympiques.
L’autre partie du budget, le hors-Cojo (celui qui dérape en général), serait destinée à la construction d’installations pérennes (piscine olympique, village, centre des médias) ou aux travaux d’accessibilité des transports et est évaluée dans le rapport à quelque 3 milliards d’euros, dont 1 milliard destiné à la construction ou rénovation des installations sportives, soit un total de 4,4 milliards d’euros. Bernard Lapasset a expliqué que, selon la destination finale des équipements, l’origine des fonds serait différente. Si le Village olympique est transformé en logements, il y aura des fonds privé. S’il devient une université, ce sera des fonds publics… Si la somme peut paraître conséquente, elle rompt pourtant avec la tendance inflationniste des éditions passées ou à venir comme à Rio en 2016. Un budget qui colle à la nouvelle orientation du CIO dans son Agenda 2020, lorsqu’il préconise de construire de nouvelles infrastructures sportives si celles-ci sont pérennes et, dans le cas contraire, de privilégier des structures provisoires.
Paris 2024 mise ainsi sur des sites existants (le Stade de France, le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines) ou en cours de rénovation (Palais omnisports de Paris-Bercy, stade Roland-Garros). Peu d’infrastructures resteraient à construire, si ce n’est un stade nautique. Concernant le coût des transports, l’enveloppe allouée à cette partie sera maîtrisée puisque les acteurs du dossier misent sur les différentes lignes de transport qui verront le jour dans le cadre du Grand Paris.
Le rapport ne dit pas en revanche où sera installé le village olympique. Seules des pistes sont évoquées pour les différents sites à venir. Plusieurs possibilités sont évoquées (le quartier Pleyel à Saint-Denis ou le site de PSA à Aulnay-sous-Bois) et détaillées. Pour entrer dans une phase plus concrète, il faut maintenant attendre le feu vert des élus. Anne Hidalgo, qui au final, devra co-signer la déclaration de candidature avec le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), a réagi en déclarant que la candidature parisienne, sur laquelle elle réserve encore sa décision, ne devrait pas être une candidature de témoignage. On a besoin de passer le plus vite possible à la phase d’invitation proposée par le CIO, a lancé le président du CFSI en guise de conclusion.