On ne plaisante pas avec le sport professionnel, au sommet de l’Etat. C’était vrai hier et cela reste d’actualité. Quand l’équipe de France de football refuse de descendre du bus en pleine Coupe du monde, Thierry Henry doit venir s’expliquer à L’Elysée. Comme son prédécesseur Nicolas Sarkozy, François Hollande est aussi un féru de sport. Au cours d’un déjeuner consacré à sa vision du sport, le président de la République a fait plusieurs confidences qui devraient faire du bruit.
On le sait, François Hollande est un fan de football. Il va jusqu’à s’impliquer personnellement dans certains dossiers qui lui tiennent à coeur. Sa présence à la rencontre de Coupe de France Red Star-Saint-Etienne en février 2015 au stade Jean-Bouin à Paris avait été remarquée. Comme l’attention qu’il porte au complexe dossier de rénovation du mythique, mais vétuste, stade Bauer, non-homologué pour accueillir des rencontres de Ligue 2 cette saison, obligeant le Red Star à migrer du côté de Beauvais. Un sujet hautement sensible dont le président est régulièrement informé. Et sur lequel il a demandé à son ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner, de faire ce qu’il faut pour que le dossier avance. La semaine dernière, François Hollande a convié à sa table des journalistes pour partager son amour et sa vision du sport, comme le rapporte Le Parisien. On apprend ainsi que le chef de l’Etat souhaite prolonger l’état d’urgence en vigueur depuis les attentats du 13 novembre mais il n’imagine pas l’étirer jusqu’à l’Euro (10 juin-10 juillet). Ce ne serait pas forcément un bon message, souffle-t-il.
Platini n’était pas armé
Comme tout le monde ou presque donne son avis sur l’affaire «Benzema-Valbuena», il n’y a pas de raison que le président de la République ne le fasse pas. Alors que le monde du football se mobilise pour sauver le soldat Benzema, François Hollande n’imagine pas l’attaquant du Real Madrid disputer l’Euro ! Hollande a lu les retranscriptions des PV des auditions de Mathieu Valbuena et Karim Benzema pour se forger une opinion. Moralement, le chef de l’Etat condamne l’attitude de l’attaquant, le tort qu’il a porté aux Bleus, et imagine mal comment il pourrait retrouver la sélection pour l’Euro. Tout le contraire en somme du président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, qui lors de sa conférence de presse de décembre avait parlé d’un dossier aux trois quarts vide.
Mais si Hollande prend une direction différente de Noël Le Graët sur cet épineux dossier, il lui apporte son soutien dans le duel qui oppose la FFF à la Ligue de football professionnel (LFP) en taclant son président, Frédéric Thiriez. Il voit en lui un dirigeant dépassé.
Particulièrement concerné par l’actualité sportive, le président de la République juge que Michel Platini, suspendu huit ans de toutes fonctions officielles dans le football, a été mauvais en défense. Quand l’affaire éclate, François Hollande a joint le président de l’UEFA pour lui apporter son soutien mais aussi sonder sa résistance. Il m’a dit : Tout va bien. J’ai ce qu’il faut : un avocat et un conseiller com. En fait, il n’était pas armé pour affronter ça, contrairement à nous, les politiques, habitués à encaisser les coups, estime Hollande.
Dernier dossier évoqué : les Jeux olympiques de 2024. François Hollande s’est épanché sur la candidature de Paris à l’organisation des JO 2024. Selon lui, le choix des membres du Comité international olympique (CIO) se portera sur Paris ou Los Angeles. Il revient sur l’échec de Paris 2012. Ses sources lui ont rapporté qu’en 2005 (pour l’attribution des JO 2012) le film vantant la candidature parisienne, tourné par Luc Besson, n’avait pas du tout plu aux votants. Il aurait même fait changer d’avis des indécis en faveur de Londres…
Hollande vote Matuidi
Comme en 2014 avant la Coupe du monde au Brésil, François Hollande rendra visite aux Bleus à Clairefontaine avant le début de la compétition. Interrogé sur son joueur préféré, le président de la République évoque le Parisien Blaise Matuidi, dont il aime beaucoup la personnalité, et cite la nouvelle vague incarnée par Paul Pogba et Raphaël Varane.