La construction des moules de coque et de pont de l’IMOCA 60 Charal a débuté cet été. Les innovations seront nombreuses sur ce bateau dont la mise à l’eau est prévue à l’été 2018.
Depuis le mois de janvier et le retour de Jérémie Beyou du Vendée Globe, le bureau d’études du Team Charal, rejoint ensuite par le cabinet VPLP, n’a cessé de plancher sur les contours du futur monocoque IMOCA 60, avec l’objectif de franchir un pas architectural important par rapport à la dernière génération. « Le principe des foils ayant été validé sur le dernier Vendée Globe, la première question était de savoir s’il fallait aller chercher encore plus de puissance à travers les foils ou s’il valait mieux en garder un peu sur la carène », résume Jérémie Beyou. Pierre-François Dargnies, Directeur Technique du Team Charal, en première ligne dans cette phase de conception avec Philippe Legros, Nicolas Andrieu et Héloïse Baizé (dernière venue au sein du bureau d’études), ajoute : « Maintenant que la pratique a confirmé que les foils fonctionnent à l’échelle d’un tour du monde, on a beaucoup à gagner en construisant le bateau autour des appendices, on peut se permettre de prendre plus de risques au niveau de la forme de la carène. » Le cabinet VPLP a proposé neuf plans de carène, tous testés en bassin numérique, il a ensuite fallu trancher. Le résultat ? « Le dernier Vendée Globe nous a permis de tirer les enseignements nécessaires pour faire évoluer la carène et gagner en performance. Nous aurons une carène plus adaptée au fonctionnement sous foils », répond Jérémie Beyou.
Autre dossier à trancher rapidement avant le lancement de la construction, celui du plan de pont, notamment du positionnement des foils, du pied de mât, des étais, haubans et cadènes, autant d’éléments dépendant en grande partie du plan de voilure. « On est sur un mât standard, mais on a un peu de liberté sur sa position en longitudinal et sur celle des étais », explique Jérémie Beyou.
Enfin, le cockpit : L’expérience de Jérémie Beyou sur le précédent Vendée Globe a bien sûr été déterminante pour dessiner le cockpit. « Nous avons fait une maquette dans notre hangar à l’échelle 1 pour modéliser le cockpit, afin de le mettre à ma main et à mon gabarit, de définir les positions de barre, de veille et de manœuvres, mais aussi tous les angles de visualisation des voiles via les hublots et la meilleure façon de gérer le matossage des voiles… Nous avons fait un paquet de versions, l’atelier menuiserie a fonctionné à plein régime ! Le but était que ce soit facile et léger, parce que nous avons un (gros) objectif de poids du fait que le bateau est un foiler et qu’on ne veut pas prendre de risques sur la structure. »
La Route du Rhum comme laboratoire
« Tout est dans les clous », se réjouit Jérémie Beyou, qui alterne visites au bureau et préparation de la Volvo Ocean Race avec Dongfeng Race Team : « Nous sommes sereins : le calendrier est tenu, la qualité et l’ambiance de travail sont très bonnes. Je sens un grand enthousiasme au sein de l’équipe autour de ce projet fédérateur qui mobilise beaucoup de compétences et d’énergie. Je sens de l’impatience aussi, car nous avons envie de voir ce bateau prendre forme. Et, j’en suis sûr, nous serons tous très fiers du résultat final. » Pour le skipper il est important d’avoir Charal pour la prochaine Route du Rhum (départ fin octobre / début novembre 2018). « Nous sommes convaincus qu’il faut naviguer au maximum et que la Route du Rhum va nous donner plein d’enseignements », explique Jérémie Beyou.