Les explications entre les acteurs de la natation françaises. Au lendemain des échanges musclés entre Alain Bernard et Romain Barnier, Claude Fauquet, ancien DTN de la natation française, pointe à son tour la responsabilité de la fédération après ces Jeux Olympiques décevants, avec seulement deux médailles d’argent.
Il a vécu les plus belles heures de la natation française. De 2001 à 2008, Claude Fauquet était le DTN de la natation française. Agé de 69 ans, il s’était fait discret depuis qu’il avait quitté son poste de Directeur technique national (DTN). Mais le remue-ménage au sein de la natation française lors des Jeux Olympiques de Rio l’a poussé à sortir de sa réserve dans un entretien accordé au Parisien/Aujourd’hui en France.
En voyant ce qui se mettait en place, j’étais convaincu que ça ne se passerait pas correctement mais je ne voulais pas le croire. Hélas, mon intuition a été confirmée. L’ancien DTN n’est pas tendre avec la fédération actuelle, avec notamment son président Francis Luyce, qu’il appelle à reconnaître ses erreurs ou à démissionner.
Aujourd’hui, c’est le moment d’assumer ses choix, de voir ce qui l’a conduit à choisir Christian Donzé, Lionel Horter puis Jacques Favre pour être DTN, explique-t-il. Il y a une vraie rupture quand tu ne prends pas comme directeur technique quelqu’un de l’équipe précédente. Or il faut amener une continuité pour assurer le progrès. A chaque fois qu’on balkanise la DTN, on met en péril la pérennité du haut niveau.
Francis Luyce n’a que deux choix après les Jeux: soit il s’entoure de gens compétents, soit il démissionne, pense-t-il. Il faut changer les hommes. Il faut que la FFN se renouvelle profondément.
Une suite d’affaires
L’affaire Agnel
Tout débute le 7 août. Yannick Agnel, triple médaillé à Londres, est éliminé du 200 m en individuel. Il a encore une dernière course à disputer, deux jours plus tard, avec le relais 4×200 m. Mais quelques heures avant le début de la course, le nageur jette l’éponge. Malade depuis deux jours, Agnel n’est pas en condition de nager. A sa place, la fédération aligne Damien Joly, spécialiste du… 1500 m. Alors qu’il ne devait entrer dans la compétition que vendredi, Joly est prévenu à la hâte dans la nuit du lundi 8 au mardi 9 août. Les Français terminent 14e sur 16 des séries. Et à la sortie de la course, les membres du relais tancent Yannick Agnel. Pour faire simple et crever l’abcès, on a été abandonnés par Yannick, il nous a lâchés, lance Jordan Pothain, qui accusera plus tard son coéquipier d’avoir été malhonnête.
Dans la foulée, nouvelle déclaration surréaliste, d’Agnel cette fois. Lui assure que souffrant ou pas, je voulais nager. Même à 40 de fièvre, je me serais défoncé et rejette la faute sur le DTN Jacques Favre qui a fait le choix de mettre Damien Joly à sa place.
Les accusations de Camille Lacourt
Arrivé 5e de la finale du 100 m dos des Jeux, Camille Lacourt ne digère pas sa défaite. Ça me déplaît d’être battu par un Chinois. En même temps, je vois le podium du 200m libre, ça me donne envie de vomir. Sun Yang, il pisse violet ! déclare le nageur sur RMC.
Règlement de compte en conférence de presse
Dans une conférence de presse surréaliste, Romain Barnier, l’entraîneur en chef de l’équipe de France, tacle Alain Bernard, qui critique la Fédération française. Le Marseillais reproche à l’Antibois, devenu consultant sur Canal + après sa retraite des bassins, d’avoir donné son avis publiquement sur l’affaire Agnel. Le champion olympique du 100 m en 2008 avait critiqué l’amateurisme de la Fédération française de natation. Le dernier coup de gueule, c’est pour toi Alain (Bernard). J’ai été extrêmement déçu par ta sortie médiatique en milieu de semaine, a lancé Romain Barnier. Je ne considère pas qu’on fait partie de la même famille. L’entraîneur en chef a par ailleurs suggéré à Bernard de développer ses compétences avant de proposer ses services. Pour rebondir sur la saillie de Romain Barnier, Bernard lui répond qu’il n’avait jamais eu l’impression de faire partie de la même famille