C’est un rapport qui va faire du bruit. La Cour des comptes se penche sur le traitement privilégié de Teddy Riner au sein du club de Levallois. La chambre régionale des comptes pointe une rémunération excessive du champion de judo.
Dans ce document, consacré à la gestion du Levallois Sporting Club (LSC), l’association sportive de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le rapport relève notamment la charge significative qu’engendre le recrutement d’un judoka professionnel de tout premier rang mondial. La rémunération annuelle de Teddy Riner, nommé M. Y. dans le rapport, atteint 429 293 euros en 2013, soit plus du double par rapport à 2010. Entre temps, Riner a continué d’empiler les titres. Il a notamment remporté le titre olympique à Londres en 2012. Et c’est bien ce qui interpelle. Riner brille avant tout sous les couleurs de l’équipe de France, plus qu’avec son club. D’anciens dirigeants du LSC avaient déjà dénoncé cette situation. Le contrat du judoka avec le club de sport prévoit qu’il participe aux entraînements et aux compétitions, qu’il se soumette aux contrôles antidopage, qu’il représente le LSC et en fasse la promotion. Il doit notamment citer le club ou la ville de Levallois quand il fait référence à son club dans les médias, lit-on dans le rapport. Or, Teddy Riner ne se produit que très rarement avec la tunique du club levalloisien.
Il n’y a pas d’irrégularités dans le constat dressé par la chambre régionale des comptes. Si le salaire de Teddy Riner paraît astronomique, il ne fait que respecter les différentes clauses contractuelles. La progression des sommes versées par le Levallois Sporting Club au judoka tient notamment à l’existence de clauses contractuelles favorables pour ce sportif de très haut niveau, avec une part variable de sa rémunération en fonction de ses performances sportives, observent d’ailleurs les magistrats financiers. Ainsi, Teddy Riner a empoché une prime de 46 000 euros pour avoir gagné les Championnats d’Europe en 2014. Son salaire sera augmenté de 15 % s’il décroche la médaille d’or aux prochains Jeux olympiques, à Rio de Janeiro en 2016. Des performances qui n’ont toutefois aucun impact sur les 1 900 euros mensuels réservés au loyer du champion, les 550 euros destinés à la location d’une voiture et les 330 euros alloués pour le carburant. Mais plutôt que de bénéficier directement de ces avantages en nature, Teddy Riner préfère encaisser 2 780 euros.
Les magistrats financiers mettent surtout en avant le coût pour la collectivité de Teddy Riner. Les sponsors privés sont minoritaires. L’essentiel de la charge de son contrat repose sur des fonds publics alors que le club rencontre régulièrement des problèmes de fins de mois. Pour sa défense, le club (qui compte 16 000 licenciés) assure qu’il est un élément indispensable pour attirer des partenaires privés mais convient que les bénéfices sont très difficilement quantifiables. Jean Michel Hautefort, ancien président du club et cité par France Bleu 107.1, estime indécent et insupportable le salaire de Riner, ajoutant qu’il était surtout présent au club sur les feuilles de paie.