Pour le premier Grand Prix de Formule 1 de son histoire, l’écurie américaine Haas a crevé l’écran en Australie. Alors qu’Esteban Gutierrez s’est retrouvé impliqué dans le plus spectaculaire accident de l’année, Romain Grosjean (6e) a terminé dans les points.
Première écurie américaine à disputer un Grand Prix de Formule 1 depuis 30 ans, Haas a sauté à pieds joints dans l’histoire en marquant des points dès ses débuts grâce à la sixième place de Romain Grosjean, dimanche à Melbourne. C’est une victoire !, a hurlé Grosjean dans la radio de bord, après avoir passé le drapeau à damier. C’est comme si on était montés sur la plus haute marche du podium, a exulté Grosjean sur la chaîne Sky Sports. C’était une course et un week-end invraisemblables. Je n’avais jamais eu de chance en Australie, mais là j’ai changé d’équipe et ça a marché. Eliminé dès le début des qualifications samedi, à cause d’un nouveau format déjà renvoyé aux oubliettes, le natif de Genève a parfaitement mené sa course et profité au maximum d’un effrayant accrochage entre son nouveau coéquipier Esteban Gutierrez et son ancien coéquipier Fernando Alonso (chez Renault F1 en 2009), au 17e tour. Le drapeau rouge qui a suivi, pour nettoyer les nombreux débris de carbone sur la piste et évacuer la McLaren d’Alonso, a permis à Grosjean de faire un gros bond au classement: il a choisi les bons pneus au bon moment, des gommes medium très résistantes, et a pu finir la course avec. La clé, c’était cette stratégie et l’arrêt au stand provoqué par le drapeau rouge, s’est-il félicité. Une issue méritée: au moment de l’accident, Grosjean avait gagné dix places en une quinzaine de tours et était déjà 9e. Ce n’était pas facile, je n’ai pas encore assez de repères avec cette voiture, il y a encore beaucoup de domaines dans lesquels on peut s’améliorer, mais ce résultat va doper le moral de tout le monde, a ajouté le Français.
Toute l’équipe américaine, composée exclusivement de gens expérimentés venus d’autres écuries de F1, a twitté une photo de famille prise dans son stand après l’arrivée. A la veille de ce GP historique, le patron de l’écurie, le magnat de la machine-outil Gene Haas, avait glissé : Il va falloir que Romain fasse preuve de maturité. Son expérience va nous être précieuse cette année. Il ne croyait pas si bien dire. Aucune des trois écuries créées de toutes pièces en 2010 (Manor/Marussia/Virgin, Hispania ou Caterham) n’avait réussi un tel exploit lors d’un premier Grand Prix. Les deux dernières n’ont jamais marqué le moindre point en plusieurs saisons, et ont même disparu corps et biens depuis. L’écurie Haas est bien mieux outillée. Son milliardaire de patron a choisi ce qui se fait de mieux, en termes d’image et de performance : la Scuderia Ferrari, qui lui fournit des moteurs et une quantité de pièces (suspensions, etc…) autorisées par le règlement. En déboulant en F1 avec de solides ambitions et une stratégie méthodique, Haas espère intéresser les fans américains de sport auto, pour qui seules comptent traditionnellement les spécialités nationales comme la Nascar et l’Indycar.