Sacrée championne d’Italie pour la troisième année consécutive, la Juventus a une nouvelle fois écrasé la concurrence en Serie A. Mais son échec sur la scène européenne questionne le véritable niveau du club turinois, qui n’a plus atteint les demi-finales de la Ligue des champions depuis onze ans.
31 victoires en 36 matchs. C’est le bilan exceptionnel – un record – réalisé par la Juventus en Serie A cette saison, illustration d’une domination outrageuse dans un championnat dont elle truste la première place depuis maintenant trois ans. Avec 96 points à deux journées du terme, Antonio Conte et ses troupes pourraient même se payer le luxe de battre le record de 97 unités établi par l’Inter de Mancini en 2007, preuve que les Bianconeri broient la concurrence dans une Serie A qui est désormais sienne.
Mais ce constat cache une vérité que les supporters turinois se sont empressés d’oublier à l’heure de fêter le titre lundi soir, eux que la désillusion de l’élimination en demi-finales de l’Europa League quatre jours avant avait anéantie, réduisant à néant le rêve d’une finale jouée à domicile. Un refrain pourtant répétitif pour la Juve, qui n’a plus atteint le dernier carré de la Ligue des champions depuis maintenant onze saisons. À cette époque, la Juventus ne s’inclinait qu’aux tirs au but lors d’une finale disputée face au Milan AC. À cette époque, la Juventus faisait peur en Europe.
L’obsession Ligue des champions
Une décennie plus tard, c’est obnubilé par la volonté de retrouver un statut digne de sa réputation que le club turinois dresse un bilan amer de ses dernières campagnes européennes. Elimination en poules cette saison, impuissance en quarts de finale l’année dernière, la Juve a encore du mal à retrouver son lustre d’antan. Touchée dans son orgueil par l’annulation des titres de champion 2005 et 2006 et par la relégation liée au Calciopoli, la Juventus tente depuis plusieurs années de retrouver une légitimité auprès de l’Europe du football.
Hantée par le désir de revenir sur le front de la scène européenne, la Juventus en devient tétanisée lorsque sonne l’heure des rendez-vous continentaux. Comment expliquer qu’une formation aussi dominatrice dans son pays trébuche face à Copenhague ou Galatasaray, face à qui l’enjeu a complètement paralysé la Vieille Dame, intrinsèquement supérieure mais mentalement fragile, en début de saison ? Un spectre qui n’en finit plus de peser sur les Bianconeri, pour qui le retour en grâce sur le plan européen est devenu bien plus qu’un objectif. Une véritable obsession…