Les écoutes téléphoniques accablent les dirigeants de Nîmes et ceux de Caen,qui ont réussi à s’entendre pour un match nul arrangeant les deux équipes le 13 mai dernier en Ligue 2 (1-1). Les négociations avec le CA Bastia et Dijon ont néanmoins échoué.
La corruption semble avérée. Le Canard Enchaîné révèle ce mercredi les écoutes téléphoniques qui ont poussé les agents du Service central des courses et jeux de la Direction centrale de la police judiciaire à interpeller plusieurs dirigeants de clubs français pour corruption sportive. Au coeur de l’enquête : ceux de Nîmes, qui ont contacté plusieurs clubs de L2 en fin de saison dernière pour négocier des résultats permettant au club gardois, en grande difficulté en Championnat, de se sauver.
Serge Kasparian, actionnaire majoritaire des Crocodiles, était ainsi tombé d’accord avec le CA Bastia, assuré de descendre en National. C’est bon, normalement c’est bon, assure-t-il à Jean-Marc Conrad, le président du club, la veille du match. Mais Antoine Emmanuelli, le président corse, casse l’accord dans la soirée : C’est compliqué… Demain, il y a le maire de Bastia qui sera là, le président du conseil régional, c’est un nationaliste ! On a bien discuté… Mais ils ont eu des problèmes avec la brigade des jeux sur des paris. Alors que 50 000€ étaient promis au club corse et aux onze joueurs débutant en cas de succès des Nîmes, les deux équipes feront match nul (0-0) le 11 avril.
Si on n’est pas trop con, hein
Rebelote deux semaines plus tard. Kasparian est à nouveau confiant. Michel Moulin, ancien dirigeant du PSG et du Mans (également interpellé) a joué les intermédiaires auprès de son ami Olivier Dall’Oglio, l’entraîneur de Dijon, pour permettre à Nîmes de s’imposer contre un club qui n’a plus rien à jouer. J’ai fait passer le message, ils vont pas jouer le match de leur vie. Par contre, arranger un match, c’est toujours compliqué (…) Maintenant, c’est une question de motivation. Toi, tu joues ta vie, Eux, ils jouent rien, assure Michel Moulin à Kasparian. Sauf que Dijon explosera Nîmes 5 à 1 le 25 avril. Franchement, on avait tout préparé pour qu’ils jouent tranquilles. Mais bon, à un moment donné, ils étaient tous seuls face au gardien. Il fallait bien qu’ils marquent !, se justifie Kasparian au téléphone.
Il faudra finalement attendre le 13 mai et un match à rejouer pour que Nîmes s’assure de son maintien grâce à un match arrangé avec Caen. Le club normand n’a besoin également que d’un nul pour monter en Ligue 1. Toi, c’est un point aussi ?, demande Jean-François Fortin, le président du SMC, à son homologue Jean-Marc Conrad au téléphone. Ouais, il nous fait un point, voilà, répond ce dernier. Ben, si on n’est pas trop con, hein ?, lui renvoie Fortin, alors que Conrad prévient que le nouveau président (Kasparian) a amené un cadeau pour tout le monde. Les deux équipes feront le nul les arrangeant (1-1) et, selon France 3, des caisses de vin de la région de Nîmes auraient été livrée dans le vestiaire normand pendant le match. De quoi sérieusement mettre à mal la défense de tous les acteurs dans ce dossier…