Avant d’être placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête sur des commissions suspectes autour de transferts à l’OM, Vincent Labrune avait longuement analysé le rôle des intermédiaires dans le mercato.
Il y a trop d’argent en jeu et il faut arrêter de croire qu’il n’y a qu’une seule personne qui peut représenter un joueur sur des très gros transferts, c’est impossible. La confession est signée Vincent Labrune. Mais elle n’est pas tirée de sa garde à vue à Marseille concernant les commissions occultes versées en marge de transferts à l’OM. Le président phocéen avait longuement analysé la face cachée du marché des transferts pour l’Equipe la semaine passée. Un système qu’il a découvert ces dernières années et qu’il continue de découvrir, avec ses aléas flirtant avec la légalité. S’il y a bien un club qui fait gaffe, c’est nous mais à un moment donné, tu es rattrapé par un principe de réalité. Il y a des agents proches de moi, qui parlent avec moi, ils n’ont pas de licence et je ne le sais même pas. (…) C’est un truc de fou, assure-t-il, expliquant le problème des intermédiaires dans les transferts.
Il y a beaucoup de monde
À la sortie d’un mercato, t’es épuisé. Pour les 10 % de ton temps que tu passes vraiment à faire du business, 90 % du reste tu gères des mecs qui essayent de se mettre dans tes dossiers. Je comprends au fur et à mesure le système car la gestion des agents au départ c’est José (Anigo), qui s’occupe de ça chez nous. Depuis 2013, il avait un peu la tête à l’envers et n’avait plus trop envie de faire ça. J’ai commencé à m’y mettre sérieusement à l’été 2013. Et ce que je constate, c’est que, quand c’est le transfert, là il y a beaucoup de monde, ajoute Labrune, expliquant qu’il ne peut pas tout gérer dans ce genre de dossier : Si le système de sélection des profils à l’entrée était nickel, je serais favorable à ce qu’il soit maintenu en l’état. Mais étant donné qu’aujourd’hui la plupart des mecs qui ont des licences sont des couvertures pour d’autres, c’est une forme d’hypocrisie. Tu peux discuter avec des mecs en costard-cravate qui sont nickels, et tu te rends compte six mois après qu’ils ont reversé de l’argent à Pierre, Paul, Jacques ou je ne sais qui…
Le cas des collaborateurs sans licence et des familles
Selon lui, les instances dirigeantes ne sont pas exemptes de tous reproche concernant les collaborateurs sans licence. La fédération est très laxiste dans la gestion des agents…, accuse Labrune. Quasiment systématiquement, on se retrouve avec, en face de nous, plusieurs personnes, les parents, les agents ou une autre catégorie en développement qui sont les collaborateurs d’agents. Ce sont des mecs qui n’ont pas de licences mais font des conventions avec les agents et c’est un système pas con. L’entourage des joueurs peut également être un danger dans certains dossier : Tout le monde aujourd’hui va dire que tu parles avec l’agent mais ce n’est pas vrai. Tu parles autant avec l’agent, qu’avec le père, le frère, le correspondant ou je ne sais pas qui. Au bout de la chaîne, c’est la famille qui décide. Après ça dépend des cas, il y a des familles qui font plus ou moins d’entrisme, analyse Labrune, prenant comme exemple le cas de Michy Batshuayi. Un sacré casse-tête que l’homme fort de l’OM a dû expliquer aux enquêteurs entre mardi matin et la nuit de mercredi à jeudi.