Les électeurs de Catalogne ont donné la majorité au parti indépendantiste catalan. Si la majorité au pouvoir veut entamer un processus de séparation avec Madrid de la région la plus riche d’Espagne, le FC Barcelone n’est pas prêt de jouer en Ligue 1, hypothèse très sérieusement évoquée par les protagonistes du dossier. Explication.
Les Catalans ont voté pour les partis indépendantistes et montré leur volonté de se séparer de l’Espagne. En obtenant 72 sièges sur les 135 de l’assemblée régionale, les partis favorables à l’indépendance ont remporté leur pari. La pression du gouvernement espagnol n’a pas suffi à influer sur la décision des électeurs catalans. L’hypothèse d’une exclusion des clubs catalans des compétitions nationales a été agitée comme un chiffon rouge.
Interrogé au micro de la télévision publique espagnole TVE, Javier Tebas, président de la Ligue espagnole de football, a expliqué que la législation en vigueur en Espagne ne permettait pas, pour le moment, à des clubs issus d’Etats étrangers d’évoluer en Liga, sauf pour les équipes de la principauté d’Andorre. S’il n’y a pas de négociation bilatérale, il est impossible que (les clubs catalans) puissent jouer en Liga. (…) Ce serait une Liga sans les équipes catalanes, mais pas seulement en football, en Liga ACB (basket), en Liga Asobal (handball). Les équipes catalanes ne pourraient disputer aucune compétition en Espagne, du moins dans ce qui resterait de l’Espagne, a expliqué le dirigeant avant le scrutin régional.
Un processus qui serait compliqué
Secrétaire d’Etat espagnol aux Sports, Miguel Cardenal mettait également la pression. Il avertissait les clubs catalans contre une éventuelle perte de compétitivité européenne : selon lui, les performances d’un club comme le Barça, vainqueur de la Ligue des champions 2015, déclineraient sans la manne des droits télévisés de la Liga espagnole. Dans un pays de 8 millions d’habitants (la population de la Catalogne, NDLR), le risque est de devenir un club se basant uniquement sur la formation comme l’Ajax (Amsterdam), le Celtic (Glasgow), le Standard (de Liège)… et de ne pouvoir atteindre au maximum que les huitièmes ou les quarts de finale de la Ligue des champions, a fait valoir Miguel Cardenal. Ce n’est pas le discours de la peur, c’est celui du réalisme, a ajouté le secrétaire d’Etat. Outre le FC Barcelone, club omnisports disposant d’équipes de football, de basket, de handball ou encore de futsal, plusieurs autres clubs catalans évoluent dans les compétitions espagnoles. On peut citer en football l’Espanyol Barcelone (1re division), Gérone, Llagostera ou le Gimnastic Tarragone (2e division).
Il y a quelques années, Xavier Trias, maire de Barcelone entre 2011 et 2015, avait évoqué la possibilité de voir le Barça un jour en Ligue 1. Une aubaine pour le championnat de France, mais qui tient d’abord du fantasme. L’intégration du Barça serait dans les faits difficile à réaliser.
Il faudrait dans un premier temps l’accord de l’UEFA et de la FIFA. Un accord pas aisé à obtenir, pour preuve Evian-Thonon-Gaillard n’avait pas obtenu la permission de jouer ses matches à domicile en Suisse lors de sa montée en Ligue 1. De plus, si l’exemple de Monaco est souvent pris comme référence, les accords qui unissent la Principauté à la France sont lointains et beaucoup plus forts que ceux qui uniraient l’Hexagone au nouveau pays de Catalogne. Concernant l’exception Andorre, il serait étonnant que l’Espagne ne puisse pas amender sa loi et ajouter Barcelone ou la Catalogne tout entière au chapitre des exceptions.
Du reste, la Liga n’aurait aucun intérêt à perdre le Barça. Le championnat d’Espagne sans le FC Barcelone et le FC Barcelone sans le championnat d’Espagne n’ont aucune raison d’exister. Le Barça a-t-il d’ailleurs vraiment envie de faire bande à part ? Ex-président blaugrana, Sandro Rosell, le reconnaissait lui-même en septembre 2012 : Quoi qu’il se passe politiquement en Catalogne, le Barça continuerait à jouer en Liga.
Les clubs français sont-ils d’accord ?
A première vue, un championnat avec le FC Barcelone aurait plus de valeur pour la France. Mais la Ligue 1 a-t-elle envie d’accueillir un tel voisin ? La lutte pour le titre de champion de France serait certes relancée par un duel PSG-Barça, mais il y aurait une place en moins pour les autres dans la course à la qualification directe pour la Ligue des champions… L’intégration du Barça serait intellectuellement intéressante pour étudier ses comptes sous la férule de la DNCG : un club très riche et propriétaire de son stade… mais aussi très endetté passerait-il sans encombre l’examen du gendarme financier du football français ?
Enfin, d’un point de vue diplomatique, pas certain que le gouvernement français ne prenne le risque de se fâcher avec les Espagnols pour du football. Car on imagine bien que l’Etat espagnol ne verrait pas d’un bon oeil que l’un de ses voisins profite de cette sécession pour lui chiper son club-phare. Même si le premier Ministre, Manuel Valls, est le petit neveu du compositeur de l’hymne du Barça et un grand fan du club catalan.
Guardiola sur une liste indépendantiste
L’ancien joueur et entraîneur du FC Barcelone, Pep Guardiola, occupait la
dernière place d’une liste favorable à l’indépendance de la Catalogne. Je
veux entraîner et n’ai nulle intention d’être député, mais comprenez que
cette candidature est un geste sans équivoque de soutien à
l’indépendance a expliqué l’entraîneur du Bayern Munich.