Eric Olhats, connu pour être l’ancien conseiller sportif d’Antoine Griezmann est aussi recruteur pour la Real Sociedad. Le dénicheur de talents a accordé une interview exclusive à SPORT.FR. Revenant sur son histoire avec l’international français mais également sur la formation en Espagne et son travail avec la Real…
En quoi consiste ton travail aujourd’hui ?
Je suis dans la cellule technique du recrutement professionnel. Dans cette cellule, la Real Sociedad a décidé de me confier la partie du recrutement des 17 à 23 ans. Un job qui me permet de parcourir le monde. Pour prendre un exemple, j’ai fait plus de 200 jours hors de l’Europe la saison dernière. Cette année, je suis plus centré sur la France et les sélections nationales de jeunes de 16 à 18 ans, c’est une stratégie. Au mois de décembre, je suis parti à la découverte des pôles espoirs sur le territoire français. J’ai visité et observé l’ensemble des joueurs, une visite qui permet de connaître comment les pôles travaillent au quotidien.
Il y a du potentiel ? Comment réalises-tu ton analyse d’un joueur ?
Oui ! Il y a du potentiel avec des joueurs très intéressants. Dans mon analyse, je vais regarder trois éléments. En premier son aptitude technique. Deuxième point, très important avec le football moderne, sa vitesse. Si tu n’as pas de vitesse avec l’évolution du football aujourd’hui, c’est très difficile d’y arriver. Ensuite, j’essaie de voir ce qui est invisible ! C’est la grande différence entre le recrutement chez les pros et chez les jeunes. Tu dois déceler la potentialité. Dans les faits, c’est la maturité, l’évolution physique… Le joueur doit répondre à une philosophie de jeu assez spécifique à la Real Sociedad. Il y a en outre des besoins à des postes bien particuliers qui connaissent des difficultés. Ces besoins doivent répondre aux demandes du club.
Comment juges-tu les différences entre les formations espagnole et française ?
La formation en Espagne a beaucoup progressé. Elle s’inspire souvent de la formation française très reconnue en Europe avec des schémas et des entraînements spécifiques. L’Espagne a copié les éléments qui marchent en France. Des deux côtés, la formation est très bonne mais la situation s’est beaucoup améliorée en Espagne depuis quelques années. À la Real Sociedad, on a une structure performante. Des infrastructures extraordinaires, parmi les trois meilleures en Espagne. Chez nous, on pense uniquement formation : nous n’avons pas les moyens du Real Madrid pour acheter des joueurs. Le but est d’avoir les joueurs les plus performants au niveau local et en complémentarité, trouver de bons joueurs à l’extérieur.
« Oui j’ai été approché par le PSG »
Tu es considéré comme un très bon dénicheur de talents. N’as-tu jamais voulu rejoindre un grand club ?
Cela va faire 16 ans que je suis à la Real Sociedad, il y a eu forcément des contacts, des approches avec d’autres clubs. Mais la philosophie de la Real me plaît beaucoup. J’ai beaucoup de liberté dans mes actions et j’aime la région. Le club me donne en matière de travail ce que je recherche dans ma passion. Donc pour l’instant j’y reste.
La rumeur d’une approche du PSG la saison dernière était-elle fondée ?
Oui j’ai été approché par le PSG et par Olivier Létang (ancien directeur sportif adjoint du PSG, aujourd’hui président du Stade Rennais, ndlr) pour un poste au sein de la cellule de recrutement semblable à celui que j’ai à la Real. Mais finalement j’ai préféré prendre la décision de rester ici.
Comment juges-tu la saison d’Antoine Griezmann ?
Très bonne. Dès qu’il a un petit passage à vide, les médias se disent : « c’est bon il est foutu, il ne va pas bien ». Mais il répond toujours présent, je l’ai toujours trouvé très très bien. Antoine cumule quand même 300 matchs avec les pros en Espagne à 27 ans, il faut s’en rendre compte. En plus maintenant en équipe de France, on lui demande d’être un leader. Donc je trouve qu’il assume ça très bien.
Antoine Griezmann demande encore des avis
Toujours un suiveur attentif de sa carrière ?
Oui bien évidemment. (De loin ?) Non de très près, moins près que lorsque j’étais à la manoeuvre. Mais je suis toujours présent pour lui donner un avis dans son orientation, dans les questions qu’il me pose. On est toujours dans un échange où il me demande mon opinion. Il prend encore note de ce que je pense car jusqu’à présent je n’ai jamais été très mauvais dans les conseils. C’est un garçon très intelligent. On nous a annoncés fâchés plusieurs fois mais c’est une information complètement fausse.
Juste la fin d’une collaboration ?
Il y a eu la fin d’une collaboration pour plusieurs raisons. La miss Sublet (Alessandra Sublet, ndlr) dans son reportage a souhaité faire le buzz et a décidé de couper plusieurs éléments au montage. Maintenant tout le monde est persuadé que je suis fâché avec Antoine. C’est faux. On est arrivé sur une stratégie à laquelle je n’adhérais plus au niveau de l’image. Les tweets, les images… sa représentativité gérée par sa soeur devait changer. À 27 ans, ça ne fait plus rire et tu peux passer pour un « has-been ».
Il faut conjuguer l’image à la notoriété et l’ampleur qu’a pris le joueur. Je trouvais que ces idées n’allaient pas dans ce sens et souvent au détriment de l’efficacité sur le terrain. Il n’a pas souhaité changer. Moi je ne sais pas faire ça, donc on a arrêté la collaboration. En plus cet épisode est arrivé au même moment où j’ai pris des responsabilités à la Real Sociedad avec les jeunes.
Comment as-tu géré les deux facettes de ton job, recruteur et conseiller sportif ?
C’est atypique, même très atypique. Ça n’existait nulle part cette méthode avec le recruteur qui s’occupe aussi du joueur. C’était vachement délicat. Heureusement on a trouvé un accord avec le Président de la Real Sociedad qui m’a permis d’être son conseiller sportif. Personne n’a été perdant dans l’histoire, c’est l’essentiel. Je ne voulais pas qu’un job passe au détriment de l’autre, donc j’ai assumé des journées très chargées. Mais avec sa notoriété et son statut ces dernières saisons, il a fallu choisir entre le recruteur et le conseiller sportif. J’ai choisi.