Dans plusieurs mois, on continuera de se demander si l’organisation du premier Championnat d’Europe des Nations à 24 équipes a été une bonne affaire pour la France. La question ne se pose pas pour le propriétaire de l’événement, l’UEFA. Ici, la glorieuse incertitude du sport n’a pas lieu d’être.
La confédération européenne table sur 1,9 milliard d’euros de recettes en un mois de compétition, dont 1 milliard de droits télévisés, 500 millions en billetterie ou « hospitalités » (loges) et 400 millions des sponsors. Les frais d’organisation payés, l’Union des associations européennes de football (UEFA) pourrait dégager un profit supérieur au milliard d’euros ! Pour cette association « à but non lucratif », basée en Suisse, c’est d’autant plus astronomique qu’elle ne paiera aucun impôt lors de cette première compétition à 24 équipes. Ce cadeau fiscal a été formalisé en 2014. Dans un contexte de concurrence très vive entre les nations, la France doit se doter des meilleurs atouts pour renforcer sa compétitivité et ainsi obtenir l’organisation de compétitions sportives internationales, avait expliqué le ministre des Sports, Patrick Kanner. Elles apportent au territoire un surcroît d’activité économique et d’emplois, et elles contribuent à son attractivité pour les investisseurs et les visiteurs étrangers. Il aurait pu ajouter que l’obtention de l’Euro 2016 était assujettie à cette mesure d’exception. Le Comité international olympique (CIO) demande la même chose pour confier ses Jeux Olympiques. La France avait procédé de la même manière pour la Coupe du monde de rugby en 2007 ou la Ryder Cup de golf en 2018.
Depuis l’Euro 2008, l’UEFA organise elle-même le raout quadriennal, via une société anonyme ad hoc. Euro 2016 SAS, en l’occurrence, qui a rétrocédé 5 % du capital à la Fédération française de football, quand Polonais et Ukrainiens étaient réduits à 0 en 2012. La billetterie dans les stades, elle, est assujettie à une TVA à 5 %, rapportant 12 millions d’euros à la France. La France a tout de même réussi à « arracher » une autre compensation. Le club des villes organisatrices de l’Euro, présidé par Alain Juppé, maire de Bordeaux, a négocié la rétrocession par l’UEFA de… 20 millions d’euros, dont la moitié à verser après la compétition. Cette somme doit servir à des équipements sportifs de proximité. Il faut ajouter 50 millions d’euros pour la location des stades.
Que va faire l’UEFA de ses bénéfices ? Elle redistribue l’essentiel de ses recettes (70 %) aux équipes nationales et aux clubs participants à la Ligue des champions ou à l’Europa League. Les années du championnat d’Europe, les profits explosent comme en témoigne le dernier millésime 2012 : 1,4 milliard en recettes, 700 millions en dépenses d’organisations, 600 millions de bénéfice net !