C’est jeudi que la Fédération internationale (FIFA) doit officialiser le nouveau calendrier de la Coupe du monde 2022 au Qatar de l’été à l’hiver. Les clubs professionnels, en particulier européens, verront leur calendrier chambouler.
Sauf improbable surprise, la FIFA ne devrait pas aller contre les recommandations de son groupe. La Coupe du monde 2022 aura lieu à peu près à cheval sur la dernière quinzaine de novembre et la première de décembre, avec une finale le 18. Un planning qui permettrait de ne pas concurrencer les Jeux olympiques d’hiver début 2022 mais qui soulève des protestations, surtout en Europe.
Comme au rugby, la saison traditionnelle se verrait en effet amputée de la durée du Mondial, mais aussi de la phase de préparation des sélections qualifiées. Les clubs seront privées de compétitions pendant huit semaines environ, et même si la courte trêve de décembre était déplacée pendant cette période et allongée, le trou dans le calendrier est important. Il faut s’assurer que l’on puisse conserver intact notre programme des fêtes, prévient le directeur exécutif de la Premier League, Richard Scudamore, qui s’inquiète aussi de l’intégrité du championnat, car une coupure de six ou sept semaines, ce n’est évidemment pas idéal. En Espagne, la Ligue a estimé que ce calendrier perturbera la déroulement normal des compétitions éuropéennes et provoquera de graves dommages. En Allemagne, où les diffuseurs s’inquiètent de la concurrence avec les sports d’hiver, le manager de Mönchengladbach, Max Ebrl, estime que cette programmation aura un impact sur le calendrier de la Bundesliga pour deux ou trois ans. La France est sur le même ton. Je suis totalement solidaire de l’ECA (association des clubs européens, ndlr) et de l’EPFL (association des championnats professionnels européens) et je considère que la date retenue n’est pas la plus appropriée, indique Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais.
Les clubs demandent à la FIFA davantage de compensation pour la mise à disposition de leurs joueurs internationaux. La fédération a déjà répondu non, mais il reste du temps pour négocier un accord. Mais pour Jean-Michel Aulas, le dossier peut encore bouger : On a obtenu de l’UEFA des dédommagements pendant ses compétitions. Nous sommes au début des discussions. N’oublions pas que la FIFA entre en période électorale (pour la présidence, avec un vote le 29 mai). On verra une fois les élections passées.
Pour les joueurs, les nouvelles dates du Mondial imposeront une refonte du calendrier de la saison classique, qui pourrait être étirée vers juillet pour le début de saison, juin pour son terme.
Malgré tout, cette décision prise dans l’intérêt de la santé des joueurs ne lève cependant pas totalement le doute qui entoure cette Coupe du monde. La question du différentiel de température reste posée. De l’automne européen, les joueurs vont passer à une température de 25 degrés environ au Qatar en décembre. Plusieurs degrés vont séparer le continent européen du petit émirat. Si les ligues européennes (ou plutôt les diffuseurs) décident d’avancer le début de saison à début juillet 2022 au lieu d’août, il y aurait une moitié de saison surchargée par rapport à l’autre et la santé des joueurs serait alors en danger.
Pour autant, un Mondial hivernal a aussi ses défenseurs. Aux Pays-Bas, il y a dix jours de trêve, explique le Néerlandais Ronald Koeman, entraîneur de Southampton en Angleterre. Ici, quand vous jouez deux matches en deux jours (pendant le Boxing Day), les risques de blessure sont plus élevés. Le Mondial arrive normalement à la fin d’une longue saison éprouvante, quand les joueurs sont cramés, ajoute l’ancien international anglais Phil Neville. D’un point de vue anglais, ce pourrait bien être la meilleure chose qui nous soit arrivée. On aurait une équipe fraîche comme jamais avant un Mondial. Pas faux.