Agent de joueurs le plus influent du football français, Jean-Pierre Bernès, qui gère notamment les intérêts de Franck Ribéry (photo) s’est longuement confié. Avouant son envie de redevenir dirigeant d’un club, il estime avoir assez payé pour l’affaire VA-OM.
Son passé : OM-VA, de l’histoire ancienne
Son nom sera à jamais associé à l’une des histoire les plus sombres du football français. Près de 20 ans après avoir corrompu des joueurs de Valenciennes pour permettre à l’OM de s’imposer dans un match de D1, Jean-Pierre Bernès essaye de faire abstraction de cette affaire, comme il l’explique dans l’Equipe. Ça m’a marqué à vie. C’est une cicatrice, quelque chose qui ne me correspondait pas. On a pété les plombs. J’assume. Marseille, c’est ma ville. J’ai tout fait pour l’OM. Je suis même allé en prison pour l’OM. J’ai fait une erreur, mais je ne l’ai pas faite pour moi. Elle était condamnable, mais je l’ai faite pour le club, pas pour m’enrichir personnellement. C’est le passé. Aujourd’hui, mon casier judiciaire est vierge, plaide l’agent de joueurs, pour qui tout le monde a le droit à l’erreur. Sa relation avec Bernard Tapie s’est aplanie au fil des années. Ce n’est pas qu’on s’est réconciliés. En fait, on ne s’est jamais revus depuis l’affaire VA-OM. On s’est seulement téléphoné. À chaque fois, il me dit : ‘Quand tu viens à Paris, appelle-moi et on se fait une bouffe.’ On se dit ça mais on ne le fait pas, ajoute Bernès, qui n’est plus indésirable à l’OM, dont il a été directeur général mais n’est pas ami avec Vincent Labrune, le président olympien, pour autant.
Son présent : Agent mal-aimé
Reconverti comme agent en 1999, Bernès possède l’un des porte-feuilles les mieux garnis du football français : Mathieu Valbuena, Franck Ribéry, Laurent Blanc ou encore Samir Nasri lui ont confié leurs intérêts. En tout, il gère pas plus d’une vingtaine de coaches et de joueurs. J’en refuse beaucoup. Quand je discute avec un joueur, il veut travailler avec moi. Je ne suis pas là pour les emmener au restaurant ou en boîte de nuit, j’ai passé l’âge, mais pour le football, pour qu’ils fassent les bons choix. Certains sont agents comme moi évêque de Lourdes. Gérer la carrière d’un international, ce n’est pas rien. Vous pouvez faire une erreur, mais si vous en faites deux puis trois…, analyse Bernès, qui a toutefois perdu Blaise Matuidi, parti rejoindre l’écurie de Mino Raiola : Ça s’est arrangé et nous sommes soumis à un droit de réserve. Je vais le respecter mais je n’en pense pas moins. Je sais ce que j’ai fait pour Blaise, il sait ce que je lui ai apporté, glisse l’agent, encore affecté par cette épisode et pas vraiment apprécié de ses pairs en raison de son image sulfureuse. On ne peut pas plaire à tout le monde. Vous ne pouvez pas empêcher les gens de parler. Mais il y a aussi du respect, assure-t-il, refusant de croire que son passé puisse nuire sur son présent : Les gens intelligents savent qui je suis et comment je travaille. Si de grands internationaux, de grands entraîneurs me confient leur carrière, c’est qu’ils savent que je suis compétent.
Son futur : Une deuxième C1 dans le viseur
A 57 ans, il ambitionne de redevenir dirigeant d’un club de football. C’est une réflexion que je mène, effectivement avoue-t-il. Ça fait trente-trois ans que je suis dans le football. Quand j’en parle, je m’exprime plus souvent comme un dirigeant que comme un agent. Le foot, c’est ma vie, c’est ma passion. J’ai cinquante-sept ans. Je me demande si je ne pourrais pas boucler la boucle, si je ne pourrais pas trouver un projet intéressant. Avec une ambition assumée : Gagner une Ligue des champions avec un deuxième club, près de vingt ans après la C1 avec l’OM. Où pourrait-il se voir offrir une nouvelle chance ? Il n’y a pas que la France. Il y a l’étranger aussi. Je peux travailler à l’étranger, plaide Bernès qui a eu des contacts avec Saint-Etienne et n’écarte pas la possibilité de revenir à l’OM : Ça reste un club à part, pour moi. Ce qui est important, c’est de savoir avec qui vous travaillez. Avec mon expérience, je ne peux pas être le numéro 2. C’est impossible. Je veux travailler en direct avec l’actionnaire. Ce n’est pas un président de club qui ne connaît pas le football qui va me dire s’il faut faire ci ou ça. Je me connais trop bien. Je tiendrais quinze jours. A moins qu’il ne reforme un duo improbable avec Bernard Tapie… Je ne sais pas. Il me connaît. Il m’a demandé, il y a à peu près un an : ‘Tu n’en as pas marre d’être agent ? Tu ne veux pas qu’on reprenne un club ?’ Il sait ce que je lui dois et je sais ce qu’il me doit. Ça a mal fini entre nous mais cette histoire (l’affaire VA-OM), c’est du passé. Avis aux clubs intéressés…