Pour ses adieux aux grandes courses sur route, Bradley Wiggins a choisi Paris-Roubaix, une course qu’il a disputée à sept reprises seulement depuis ses débuts professionnels en 2002. Le Britannique, vainqueur du Tour de France 2012, a renoué l’an passé avec la reine des classiques. Pour une 9e place qui est, de loin, son meilleur résultat à Roubaix.
Il est comme ça Bradley Wiggins, jamais vraiment là où on l’attend. D’abord pistard, puis premier vainqueur britannique du Tour de France, le coureur le plus rock’n’roll du peloton, mais anobli par la reine d’Angleterre, veut terminer sa carrière professionnelle à Paris-Roubaix. Un choix étrange, mais pas pour Wiggins. Les pavés ? Il ne les maîtrise pas. Raison de plus pour se lancer dans un dernier défi.
Sa trajectoire n’a de toute façon rien de banale. A ses débuts, Wiggins était alors et surtout un pistard, qui allait rafler trois titres olympiques avant sa transformation radicale après les Jeux de Pékin 2008 pour devenir un coureur de grand tour. La mutation a stupéfait le monde du cyclisme. A l’exception de l’encadrement scientifique de l’équipe Sky qui l’a expliqué par un spectaculaire amaigrissement sans que le Londonien perde pour autant sa puissance dans l’exercice du contre-la-montre. Une fois le Tour de France en poche, et une nouvelle médaille d’or olympique (du contre-la-montre) en supplément la même année, Wiggins a éprouvé le besoin de passer à autre chose. Son dernier défi sur route, avant qu’il s’attaque au record du monde de l’heure (sans doute au début de l’été à Londres), a pris corps l’an passé. A l’étonnement des sceptiques qui l’imaginaient sur le déclin, il intègre le haut du classement de Paris-Roubaix 2014 (9e) et imagine une sortie par la grande porte. Depuis le début de la saison, Wiggins a tout axé sur la reine des Classiques. Quitte à se désintéresser ostensiblement des autres épreuves, une fois ses tests en course effectués, et brouiller les cartes comme lors du dernier Paris-Nice. Même le Tour des Flandres, qu’il a couru dimanche en équipier au service du Gallois Geraint Thomas, ne lui a servi que de préparation. Si je gagnais, ce serait énorme, le top à mes yeux, affirme-t-il. L’Anglais, alourdi d’une dizaine de kilos par rapport à l’été 2012, rêve d’une conclusion historique. Trente-quatre ans après Bernard Hinault, le dernier vainqueur du Tour à s’être imposé sur le vélodrome nordiste (1981), alors que Wiggins était encore un bébé de 11 mois. Personne n’y croit vraiment, mais comme le résume Marc Madiot, son premier directeur sportif à la Française des Jeux, : Il n’est pas le favori mais il en est capable.
Les Paris-Roubaix de Bradley Wiggins
2003 : abandon
2004 : abandon
2005 : abandon
2006 : 49e
2009 : 25e
2011 : 90e
2014 : 9e