Le Tour de France est magique ! Dis comme ça, il y a de quoi sourire. Et pourtant ! La passion pour le vélo de route m’a piqué à l’occasion d’un voyage de presse organisé il y a quelques années pour découvrir « l’envers du décor », vivre le Tour de l’intérieur. Je n’y avais jamais mis les pieds. Ne m’intéressais pas plus que ça au cyclisme. Pour moi, le Tour était surtout une affaire de gros sous, de corruption et de dopage… Depuis mon « dépucelage », j’attends le mois de juillet avec une impatience rare. L’idée de goûter quelques heures aux joies de l’un des événements sportifs les plus suivis de la planète suffit à me ravir pour le reste de l’année. Autant dire que 2 jours en immersion totale suscitaient en moi la plus vive excitation. Récit à quelques heures de l’arrivée de cet événement sportif sans commune mesure.
Le réveil est matinal. Forcément. Le trajet en train, interminable. Direction Troyes pour une prise en charge par le chronométreur officiel du Tour de France 2017, Tissot. La marque m’invitait à vivre une expérience unique. Pédaler les derniers kilomètres de l’étape 6 Vesoul/Troyes avec « quelques amis de la marque ». Parmi eux, Flora Coquerel, Miss France 2014, Titoff, Humoriste et Comédien, Camille Lacourt, Champion du monde de natation et François Pervis, Champion du monde de cyclisme sur piste. Même le président de Tissot, M. Thiébaud, s’est joint à nous lors de l’échauffement… En parfait amoureux du Tour, il a courageusement pédalé sur plus de 10 kilomètres.
Dans des conditions dignes de professionnels, nous avons enfourché nos montures et bravés des températures caniculaires. Certains râlaient, d’autres s’enthousiasmaient. Je faisais partie de la seconde catégorie. Le rythme est soutenu. Les jambes suivent, à peu près. La chaleur assomme. Le paysage ne trompe pas. Des champs de blé à perte de vue. Nous sommes bien sur le parcours officiel et privatisé de l’étape. Sur des vélos de course, dans la tenue règlementaire aux couleurs de Tissot. Je jubile. Quel pied ! J’ai soudain le sentiment d’être un privilégié. Sans surprise, François Pervis offre au public un spectaculaire sprint final et décroche la première place. Je me classe dans les derniers… mais peu m’importe. L’expérience valait d’être vécue et la fierté de passer la ligne d’arrivée n’a pas d’égal. La remise du maillot jaune par M. François Thiébaud, non plus d’ailleurs.
Le Tour se vit à 200 à l’heure
Passage dans les douches obligatoire… blagues potaches, retours d’expérience, sensations. Chacun livre son sentiment sur ces quelques dizaines de kilomètres parcourus. L’humeur est joviale. Nous pourrions traîner des heures dans les douches à refaire le monde… Mais le Tour se vit à 200 à l’heure. Le groupe se sépare… Je file pour ma part rejoindre Antargaz pour la soirée.
Direction la Maison de l’outil et de la pensée ouvrière de Troyes pour un dîner « gourmand » placé sous le signe des célébrités. Thierry Gouvenou, Christian Prudhomme, Marion Rousse, Richard Virenque, Sarah Ourahmoune, Céline Géraud, François Baroin et Michèle Laroque, pour ne citer qu’eux, assistent à la soirée. Au centre des conversations : le Tour. Logique !
Réveil aux aurores, pour une longue et enthousiasmante nouvelle journée. Passage éclair sur le village du Tour où je rencontre Emmanuel Mercier, directeur marketing global de la société Bostik, notamment en charge du sponsoring sur le Tour de France.
Il est l’heure de quitter le village pour sauter dans l’une des 3 dépanneuses Bosch Car Service du Tour de France. C’est en courant, sac sur le dos, téléphone en main, que je me rends au point de passage convenu avec Thierry Coste, bonhomme fort sympathique, réalisant son treizième Tour de France en qualité de dépanneur, « toujours avec le même plaisir ». L’installation dans le double-cabine de la dépanneuse effectuée, je peux commencer à échanger avec ce grand bavard, dont les anecdotes rempliraient un bottin. « Le Tour est plein de surprises. Je ne m’en lasserai jamais », lâche-t-il entre deux messages radio. Nous fermons la caravane, escorté par un motard de la Garde Républicaine, prêt à nous ouvrir la route en cas d’urgence. « Une année, c’est un char de la caravane publicitaire qui a pris feu. Le réservoir s’est enflammé, a fondu… 4 spectateurs ont été brûlés. La caravane a dû être déviée. Nous avons dégagé la carcasse. Une sacrée histoire ! ».
Pour cette 7ème étape, nous prenons la direction de Nuits-Saint-Georges. Je constate qu’au bout de 25 kilomètres, j’ai déjà mal au cœur… Il faut dire que ça tangue beaucoup dans la cabine. « Ah oui, ça bouge un peu. Prends un cachet Alain si tu en as. » Damned ! Je n’avais pas envisagé cette option. Romain Baly, excellent confrère du Journal de l’Automobile, également de la partie, me tend aussitôt de la cocculine et me sauve la mise. Et si la dépanneuse tombait en panne ? La question est posée. « Chaque année, c’est notre hantise ! Mais je touche du bois ou ma tête, nous ne sommes jamais tombés en panne. Il faut dire que nous faisons pas mal de vérifications sur le camion avant de prendre la route. C’est surtout sur les étapes de montagne que les camions sont soumis à rude épreuve. Ou sur d’autres courses, comme le Paris-Roubaix. Les pavés, c’est une plaie. Pour tous les véhicules d’ailleurs. »
La dépanneuse file à 70 kilomètres heure. Thierry Coste prend soin de respecter les limitations de vitesse quand il n’est pas en intervention. « Les gendarmes peuvent nous contrôler. De temps en temps, vous les croisez avec des jumelles sur le bord des route. Ils font aussi la guerre aux smartphones et vérifient, de manière aléatoire, que personne ne prenne la route en état d’ivresse. C’est bien naturel d’ailleurs. Tu imagines un accident causé par un chauffeur de la caravane avec un taux d’alcoolémie répréhensible ? Bonjour l’image pour le Tour ! » Effectivement.
Message radio. « Chauffeur d’un véhicule Saint Michel arrêté sur le bas côté. Une ambulance est envoyée sur place ». Tension palpable dans la cabine. Thierry Coste allume le gyrophare et fait signe au motard. Les deux hommes se comprennent instantanément. L’allure s’accélère. La remontée de la caravane est impressionnante. Nous sommes rapidement sur place. Le jeune conducteur est blessé aux yeux. Un spectateur l’a atteint en plein visage d’un jet de bombe lacrymogène. « Et oui ! C’est comme ça. Il y a des fadas aux bords des routes. Je te parie que l’année prochaine, les chauffeurs évoluant dans des habitacles ouverts auront l’obligation de rouler casqués et avec des lunettes. Tu n’es pas à l’abri d’un spectateur qui te jette une pierre ou une bouteille… Les hôtesses reçoivent bien de l’urine parfois ! » C’est Dominique Duret, un autre dépanneur de Bosch Car Service, qui prendra place au volant du véhicule St Michel sur quelques kilomètres. Le temps que la marque organise le changement de conducteur. Dans l’histoire, on a gagné des galettes Saint Michel que je m’empresse d’ingurgiter ! La suite de la journée est ponctuée par un incendie rapidement maîtrisé au cœur d’un véhicule Skoda (un sac de goodies qui a pris feu, Ndlr.), quelques kilomètres effectués avec le fort sympathique Laurent Abrial sur la 2ème dépanneuse, des rires, des selfies, des « bonjour » adressés à la foule amassée tout au long de l’étape, des acclamations du public à chaque coup de klaxon, et une photo finish sur la ligne d’arrivée avec toute l’équipe.
Le Tour est magique ! C’est une certitude.
AJ.