C’est parce qu’il est capable de s’adapter à tous les terrains que Sébastien Ogier domine son sujet dans le championnat du monde des rallyes. Sacré pour la seconde année consécutive, le pilote français, perfectionniste à l’extrême, est aussi capable de coups de sang mémorables.
Maitriser tous les types de terrain lui permet d’espérer marcher sur les traces de son glorieux prédécesseur, Sébastien Loeb, neuf fois champion du monde. Outre cette qualité, je lui prêterais volontiers celle d’être sûr de lui et, en tenant compte de sa rapidité au volant, j’ajouterais la très grande fiabilité dont il fait preuve tout le long de la saison, analyse l’ingénieur en chef de Volkswagen, François-Xavier Demaison, le père de la Polo-R que pilote Sébastien Ogier. Au cours des 12 manches déjà disputées, Ogier, qui aura 31 ans en décembre, en a remporté sept, terminant deuxième à deux reprises.
Demaison qualifie aussi son pilote d’insatisfait permanent. Perfectionniste, le natif de Gap est aussi plutôt introverti, contrairement à son coéquipier finlandais, le volubile Jari-Matti Latvala, qu’il vient de priver d’un premier titre. Mais il réagit néanmoins vivement lorsque les choses lui déplaisent. Dès ses tout débuts au volant des WRC Citroën, en 2010 au rallye de Jordanie, Ogier avait laissé éclater sa fureur après qu’un balayage des routes lui fut imposé pour favoriser la tâche de son chef de file d’alors, Sébastien Loeb en personne. Et ce alors même que son avenir au sein du constructeur français était loin d’être scellé. Ses accrochages avec le multiple champion du monde avaient atteint leur apogée au rallye d’Allemagne 2011 lorsque Loeb avait vu son contrat renouvelé en tant que premier pilote, ce qu’Ogier ne pouvait accepter. Mais il a préféré rester avec Citroën, alors que Volkswagen l’approchait. Notre proposition a ensuite été faite à Ogier, mais franchement, je ne croyais pas qu’il allait accepter car notre voiture n’était qu’un laboratoire roulant fin 2011, se rappelle Demaison. Un autre trait de caractère du pilote français s’est alors fait jour: participer à fond à un projet sur le long terme, lui qui paraissait si pressé de parvenir au sommet de la hiérarchie. Un année de purgatoire – sur une Skoda – dans un parfait anonymat l’attendait en 2012, le temps que la Polo-R WRC soit développée. Premier de sa classe S2000 et figurant à plusieurs reprises dans le top 10 avec une voiture nettement moins puissante que les WRC, Ogier attendait son heure.
J’ai eu un passage à vide mentalement
L’année suivante, neuf victoires et un premier titre vont le récompenser. Cette saison, Il a connu quelques moments de faiblesse au mois d’août, repartant d’Allemagne sans aucun point. J’ai eu un passage à vide mentalement cet été car je me suis laissé un peu trop influencer par les projets de nouvelles règles concernant le rallye. Ma motivation en avait pris un peu un coup, explique le principal intéressé. Un nouveau faux-pas au Rallye de France retardait l’échéance mais son succès au Rallye de Catalogne lui offre la possibilité de conduire en père de famille au Pays de Galles, lors de la dernière épreuve de la saison.