Le Sénégalais Lamine Diack, ex-président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), a été mis en examen à Paris dans un dossier de corruption lié à la lutte antidopage.
L’affaire concerne des cas de dopage d’athlètes russes. Lamine Diack, 82 ans, est mis en examen pour corruption passive et blanchiment aggravé. Placé sous contrôle judiciaire, il a été laissé libre. Son conseiller juridique, l’avocat Habib Cissé, a également été mis en examen, mais uniquement pour corruption passive, par deux juges financiers parisiens. Un médecin, en charge de la lutte antidopage à la fédération internationale jusqu’en 2014, a été placé en garde à vue à Nice.
L’IAAF coopère pleinement, a-t-elle assuré, après la mise en cause de Lamine Diack. Dans le cadre de l’enquête française, la police a perquisitionné le siège de l’IAAF hier pour mener des auditions et consulter des documents, a ajouté la Fédération internationale
L’enquête judiciaire, lancée cet été, ne fait que débuter et d’autres auditions devraient avoir lieu. Elle a commencé en août quand le parquet national financier a reçu un signalement de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Pour l’instant, ce sont les contrôles antidopage de deux ou trois athlètes russes qui sont concernés, a précisé à l’AFP une source proche du dossier. Mais les cas d’autres sportifs, pas uniquement russes, pourraient aussi l’être.
Pape Massata Diack, le fils de Lamine Diack, chargé de mission marketing au sein de l’IAAF, a été contraint de quitter l’instance, accusé d’être impliqué dans cette affaire de corruption visant à couvrir des cas de dopage en Russie. Le trésorier de l’IAAF et président de la fédération russe, Valentin Balakhnichev, n’a pas non plus résisté au scandale. Il s’était mis en retrait de ses fonctions à l’IAAF.
Deux reportages réalisés par la chaîne allemande ARD ont levé le voile sur des pratiques douteuses. Diffusé en décembre 2014, le documentaire intitulé Dopage confidentiel: comment la Russie fabrique ses vainqueurs, accusait le pays de doper massivement ses sportifs et de contrôler les échantillons de sang testés. Il s’appuyait sur plusieurs témoignages, dont ceux de l’athlète Julia Stepanova, spécialiste du 800 m, actuellement suspendue pour dopage, et de son époux, Vitali Stepanov, qui a travaillé entre 2008 et 2011 pour la Rusada, l’agence russe de lutte contre le dopage. En août, quelques jours avant les Mondiaux de Pékin, un autre documentaire accusait une nouvelle fois l’athlétisme russe, soutenant que les sportifs dopés et les instigateurs sont toujours protégés.
L’Agence mondiale antidopage a mis en place en janvier une commission d’enquête afin de vérifier les faits rapportés par la chaîne allemande. Cette commission doit rendre ses conclusions courant novembre et déterminer s’il existe des preuves suffisantes pouvant conduire à des sanctions à l’encontre de personnes ou d’organisations soumises aux règlements du Code mondial antidopage.